Après avoir reporté sa réforme du lycée et laisser Richard Descoings, directeur de Sciences-Po, conduire le dossier, le ministre de l'Education Xavier Darcos a tenté samedi de "renouer" avec les lycéens de la Fidl réunis en états généraux à Paris, sans pour autant les convaincre.
"Si on m'avait il y a encore un mois que je viendrais (...), j'aurais été un peu supris, parce que c'était une période de tension. Je vois maintenant que nous pouvons repartir sur des bases nouvelles", a commenté d'emblée le ministre devant un auditoire d'environ 200 personnes.
Le 15 décembre, en accord avec le chef de l'Etat, M. Darcos a reporté d'un an la réforme du lycée qui devait commencer à s'appliquer à la rentrée 2009, notamment devant la grogne croissante dans les lycées.
Sans cravate, cherchant à paraître décontracté, M. Darcos a estimé qu'il avait "renoué" avec les lycéens réunis pour deux jours de débats à Paris par la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl).
"Vous et moi considérons que la situation actuelle (dans les lycées, ndlr) n'est pas satisfaisante", a-t-il lancé, tentant de faire cause commune avec son auditoire.
Sous forme de mea culpa, il a reconnu que "l'appropriation" par les lycéens de la réforme est "ce qui a manqué" à la première mouture qui devait être présentée en décembre. "Nous ne voulons pas renouveler cette erreur", a-t-il dit.
Avant d'ajouter: "peut-être (que) ce sera plus facile avec quelqu'un de nouveau". Richards Descoings, le directeur de Science-Po Paris, qui n'était pas présent, a en effet été chargé début janvier par Nicolas Sarkozy de mener la concertation sur le lycée.
M. Darcos a également tenté de répondre aux questions des lycéens, parfois vives et à leurs commentaires, sous forme d'interpellations: "vous supprimez des postes... Vous enlevez des pions (surveillants, ndlr). Vous favorisez l'échec scolaire Monsieur le ministre", lui a notamment lancé un élève, sous un tonnerre d'applaudissements.
"Il y a des problèmes d'effectifs, on est toujours 35 par classe. Vous êtes plus le ministre de l'économie de l'Education nationale que le ministre de l'Education nationale", a renchéri un autre, tout aussi applaudi.
"Ne pensez-vous pas que le mouvement de décembre, c'est une crise d'angoisse de la jeunesse?", a demandé un autre lycéen.
M. Darcos répète que la question des moyens est selon lui dépassée et qu'il s'agit plutôt de "rationaliser", que le taux d'encadrement, s'il est inégal, a été meilleur en 2008 qu'en 2007, ou encore qu'il ne peut résoudre à lui seul la crise internationale.
Sans vraiment convaincre, ni l'assistance, où de nombreuses mains se levaient pour poser encore des questions, ni, à la tribune, la présidente de la Fidl, Alix Nicolet, qui n'a pas hésité à lui couper la parole et lui dire en substance qu'il manquait de "volonté".
"Je me doutais bien que je ne vous convaincrais pas", mais "j'invite à ce que le dialogue continue", a déclaré M. Darcos avant de quitter la salle.
"Il n'y a pas d'avancées sur la questions des postes, des moyens, et surtout de l'encadrement, on est restés sur notre faim", a regretté Alix Nicolet devant la presse.
AFP - http://www.vousnousils.fr