Les étudiants de l'ENS enterrent symboliquement la recherche et l'enseignement supérieur
AFP - Mercredi 18 février, 14h58 - Karine PERRET
Cercueil, fleurs, marche funèbre du Chopin: une soixantaine d'étudiants de l'Ecole normale supérieure ont symboliquement enterré mercredi à Paris l'enseignement supérieur et la recherche, pour marquer leur opposition aux réformes gouvernementales dans l'enseignement.
Dans la cour de la prestigieuse école de la rue d'Ulm, près du Panthéon (Ve arr.), les "proches" sont réunis: sur des bancs, des femmes, voilées de noir, paquets de mouchoirs à la main, miment des sanglots; les autres, costumes sombres, feignent de se recueillir, debout, tête baissée.
Au total, une soixantaine d'élèves, accompagnés de quelques professeurs, assistent, dans un jour morne et gris, à la procession accompagnant l'arrivée du cercueil, symbolisant la sort funeste réservé selon eux à la recherche.
"Hier, à l'heure où blanchit la montagne Sainte-Geneviève, elle est partie" (la recherche), lance, dans un discours d'adieu, un étudiant, parodiant le poème de Victor Hugo dédié à sa fille défunte Léopoldine ("Demain, dès l'aube"). L'assemblée pleure une "victime des décrets et de la LRU", ajoute-t-il, faisant référence d'une part au décret controversé sur le statut des enseignants-chercheurs, l'un des sujets du conflit actuel mené par les universitaires, et d'autre part la loi sur l'autonomie des universités de la ministre Valérie Pécresse.
"O rage, ô désespoir, ô Pécresse ennemie !", renchérit une étudiante, parodiant cette fois Pierre Corneille.
A la fin de l'homélie, le cercueil est déposé dans le bassin au milieu de la cour. Une femme jette un bouquet de fleurs. Rideau. Prend alors la parole Morgan Labar, étudiant de première année en Histoire de l'art: "voilà ce qui arrivera si on ne se mobilise pas maintenant". Il invite l'assemblée à une "lutte collective" pour que vivent "l'enseignement supérieur et la recherche".
"Pécresse, démission", "Retrait !", "De quoi ? De la LRU !", entonne alors la foule.
Venue les encourager, Houda Ayoub, professeur de langue et littérature arabes, se demande "à quelle sauce vont être mangés" ses élèves, citant deux réformes - statut des enseignants-chercheurs, réforme de la formation des enseignants- qui l'"inquiètent". Cette dernière, notamment, "répond à des soucis économiques mais néglige l'aspect scientifique et pédagogique", estime-t-elle alors que l'enseignement et la recherche sont un débouché traditionnel des normaliens.