Animateur Administrateur
Nombre de messages : 9064 Age : 33 Ville : Grand Ouest Date d'inscription : 17/05/2007
| Sujet: Des enseignants reçus à l'Elysée (pas n'importe qui) ! Mar 24 Fév - 21:44 | |
| Nouveau plan com, destiné à calmer les profs cette fois : - Citation :
- Pouvez me passer le sel, M'sieur le Président?
Hier, onze enseignants ont eu l’insigne honneur de déjeuner à l’Elysée avec le Président-soi-même et le encore-un-peu-ministre-de-l’éducation-nationale. Attention, pas n’importe quels profs : «des profs militants», précise Darcos, «assez connus pour les projets éditoriaux ou pédagogiques, qui se sont déjà exprimés et qui sont pour beaucoup d'un bord politique différent du mien». C’est l’ouverture, quoi… Comme dirait Léo, les temps sont difficiles : quand on veut faire carrière à droite, il faut se proclamer de gauche.
J’entends déjà vos soupirs : «Et pourquoi un président ne pourrait-il pas parler avec qui il veut» ; «Toute façon c’est un gauchiste, il va encore faire de la pub pour son syndicat» ; «il va dire du mal parce qu’il est jaloux».
D’accord, D’accord. Tout ça est vrai.
Un président peut bien parler avec qui il veut. Il peut choisir ses interlocuteurs et ceux d’hier sont sans doute de qualité même s’il manquait Brighelli… N’empêche que chacun de ces profs ne représente que lui-même, comme Jérôme et moi ne représentons que nous nous-mêmes. A ce titre, et encore plus dans une profession où le taux de participation aux élections professionnelles dépasse les 60%, la légitimité des organisations syndicales à porter une parole collective me semble assez peu discutable.
Parmi les invités, il y avait Cyril Delhay, proche collaborateur de Richard Descoings, le pompier de la réforme du lycée mais c’est sans doute une coïncidence...
Et puis il y avait aussi Sébastien Clerc. Un prof en Seine-Saint-Denis qui a sorti un bouquin pour expliquer comment régler les problèmes de discipline dans une classe. C’est pas passionnant, c’est très premier degré mais chacun est libre. Il y propose des trucs super sexy : note de sérieux, plan de classe imposé… Il me rappelle un géographe en fin de parcours à l’IUFM tout fier d’exhiber devant des jeunes profs son arme fatale : une vieille boîte de Valda transformée en boîte à craie. Du coup le voici bombardé par le recteur de Créteil chef de "cours de tenue de classe" pour les profs de l’Académie.
Ça vaudrait le coup d’en parler plus longuement mais pour faire court son positionnement me hérisse tous les poils de mon corps de prof. Il réduit ses rapports aux élèves à des réflexes scolaires : «Si tu te tais tu auras une bonne note coefficient 2 grâce à laquelle tu auras la moyenne en français même si tu ne sais pas écrire.» Je n’invente rien, vous pouvez vérifier
Il propose avec un petit air satisfait des recettes miracle qui sont peut-être adaptées à sa personnalité et à sa façon de faire de cours mais qui, c’est certain, appliquées par un autre seront d’autant plus contre-productives qu’elles n’auront pas été inventées par lui. La formation des enseignants n’a rien à voir avec les boîtes à craies, la blouse grise, la note de sérieux et les heures de colle. Qu’on nous aide à réfléchir à nos missions, aux particularités de nos élèves, à leurs ressorts affectifs, psychologiques, cognitifs mais par pitié épargnez-nous les fausses solutions toutes faites qui feraient de l’enseignement un métier de pure exécution.
La vraie question n’est pas, par exemple, de faire ou non un plan de classe imposé mais d’être capable d’appeler chaque élève par son nom dès le deuxième cours. Je n’ai jamais fait de plan de classe imposé et je démissionnerai si on me force à le faire.
Enfin, il n’empêche que Sébastien Clerc – au delà de son son côté chevalier blanc des recettes miracle – doit être un collègue plein de qualités. La preuve : c’est lui qui, sortant de table, a le mieux exprimé le message subliminal de cette belle opération de com’ :
"Les enseignants de base comme nous sont souvent pris en otage entre des syndicats qui disent systématiquement non pour dire non et un ministère qui fait primer les suppressions de postes sur toute autre discussion. Nous avons discuté des réformes en cours et demandé davantage de dialogue et d'esprit de compromis. J'ai suggéré au président d'étendre le cours de tenue de classe que j'ai monté en collaboration avec le rectorat de Créteil."
Tout y est : les clichés sur les syndicats, le court-circuitage des organisations représentatives, le petit couplet populiste sur les «profs de base», la majorité silencieuse dont notre brillant collègue s’auto proclame porte-parole et pour finir la petite pub perso au cas où un poste se libère au ministère.
C’est vrai : je suis aigri de ne pas avoir été invité. Ça m’aurait donné l’occasion de refuser et d’aller boire un verre avec Jérôme qui, lui aussi, adore les plans de classe.
• Guillaume • - Citation :
- Pire que ce qu'on imaginait. Voici la liste des 11 participants aux agapes de Sarkozy (AEF, 23/02/2009).
- Mara Goyet, auteur de "Tombeau pour le collège" (2008) et "Collèges de France" (2004); - Sébastien Clerc, professeur de français et d'histoire-géographie dans un lycée professionnel de Seine-Saint-Denis et auteur de "Au secours! Sauvons notre école"; - Bruno Descroix, professeur de mathématiques dans un lycée de Bobigny et auteur du livre "Demain les profs" (2004); - Rachel Boutonnet, professeur des écoles, membre du bureau du GRIP (Groupement de réflexion interdisciplinaire sur les programmes) et auteure de "Journal d'une institutrice clandestine" (2005) et "Pourquoi et comment j'enseigne le b.a.-ba" (2003); - Céline Lamy, directrice d'une école maternelle dans la Mayenne; - Laurine Parnaud, enseignante en ZEP dans la Vienne; - Iannis Roder, agrégé d'histoire-géographie dans un collège en Seine-Saint-Denis et auteur de "Tableau noir - La défaite de l'école" (2008); - Christian Muzyk, professeur d'anglais dans un collège du Nord, auteur de "Bienvenue en salle des profs!" (2006) et "Cours des miracles - Voyage au coeur de la communauté scolaire" (2008); - Sophie Audoubert, agrégée de lettres classiques dans un collège de Saint-Denis, auteure de "Don Quichotte en banlieue - Les combats d'une enseignante" (2008); - Cyril Delhay, responsable du programme "égalité des chances et diversité" de Sciences Po et auteur de "Promotion ZEP. Des quartiers à Sciences Po" (2006) et "Le lycée de nos rêves" (2008); - Cécile Ladjali, agrégée de lettres modernes en Seine-Saint-Denis, co-auteure de "Éloge de la transmission: du maître à l'élève" (2003) et auteure de "Mauvaise langue" (2007). | |
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