A la veille de la journée de manifestation nationale des lycéens et enseignants, le président de l’Union Nationale Lycéenne (UNL), Florian Lecoultre, a répondu aux questions des metronautes.Emilien : Bonjour. Comment se déroule la manif de demain?
La manifestation parisienne partira de 14h Place d'Italie et s'arrêtera à République. Il y aura des manifestations dans toute la France et nous sommes encore en pleins préparatifs de la manif (banderole, organisation...)
Jo : Qu'est ce que l'UNL au juste? Quelle est l'origine de ce mouvement?
L'Union Nationale Lycéenne est le premier syndicat lycéen de France, de par ses élus dans la Démocratie Lycéenne et de par ses adhérents. Le mouvement a "réellement" débuté en février lors des votes des « Dotation Horaire Globale » (qui répartissent les horaires d'enseignement) dans les conseils d'administration établissements, où celle-ci a été particulièrement réduite dans l'immense majorité des lycées. Cela fait quelques mois maintenant que des manifestations sont organisées contre les 11200 suppressions de postes.
Samy : Quels sont les points de la réforme qui vous posent le plus de problème? Quel état des lieux faites-vous de la situation dans les lycées?
Les suppressions de postes que nous avons connues ces 5 dernières années et que nous allons connaître à la rentrée 2008 ne rentrent pas dans le cadre d'une quelconque réforme. Ce sont simplement des mesures budgétaires. L'état des lieux que nous faisons est très préoccupant : nous constatons que les classes sont de plus en plus chargées, que les options se raréfient... En clair, la politique de rigueur qu'applique aujourd'hui le gouvernement à l'Education Nationale met tout simplement à mal les conditions d'études des lycéens.
Marion : Bonjour. Xavier Darcos a qualifié les manifestations lycéennes de « bouffonneries ». Que lui répondez-vous?
"L'UNL n'a jamais annoncé, n'annoncera pas et n'annoncera jamais la fin de la mobilisation."
Je dirai qu'il n'y a rien de très digne dans ce genre de déclarations. Je constate simplement que le ministre à l'air de jouer un double jeu : devant les syndicats lycéens, le ministre loue notre capacité de dialogue constructif, dit que les lycéens ont raison de s'inquiéter et concède même à demi-mots que les suppressions de postes vont "commencer à poser problème". Je constate simplement qu'il n'y a rien de très constructif avec ce genre de déclarations, surtout pour un ministre.
Apple : N'avez-vous pas l'impression d'être toujours contre? Qu'est ce que vous proposez, manifestement il n'y a plus d'argent...
Non, je n'ai pas cette impression du tout. Les lycéens expliquent leur rejet de la politique éducative actuelle, leurs vives inquiétudes sur la réforme du baccalauréat professionnel mais également leur volonté d'être enfin consultés préalablement sur des questions qui les concernent au plus haut point, notamment la prochaine réforme du Lycée. L'UNL a proposé la création d'un service public d'aide scolaire, la création d'un statut du lycéen, qui seront mis en place. Ensuite, tout est une question de "choix politiques", et je pense que l'Education Nationale doit rester la priorité numéro 1 de l'Etat.
Joulou : Ne trouvez vous pas que vous avez exagéré en demandant aux autres lycéens qui n'étaient pas en vacances (comme à Paris) de prendre le relais ? Alors quand c'est les vacances, on arrête les manifs, on reprend juste quand on est censé être en cours ?
Je ne trouve pas ce terme exagéré Joulou. Après les importantes manifestations parisiennes, les lycéens "de province" ont effectivement très bien pris le relais, même si toutes les académies sont mobilisées depuis des semaines. Et pour ce qui est du mouvement pendant les vacances, je peux vous citer plusieurs exemples, notamment des assemblées générales regroupant une cinquantaine de lycéens à Strasbourg. Cela ne s'est jamais vu avant, même pendant la lutte contre le CPE !
Poto : Pour une fois profs et élèves partagent la même manif, c'est une avancée pour vous?
Je dirai plutôt qu'il était temps que toute la communauté éducative soit réunie. C'est la première grosse mobilisation qui regroupera à la fois parents d'élèves, professeurs et lycéens. Nous aurons à cœur de montrer notre attachement commun au service public d'éducation.
Arnaud : La Fidl a annoncé que ca serait sa dernière manif, le bac approchant... Quant est-il pour vous? Je comprends l'impératif mais je ne vois pas comment le ministre reculerait si le mouvement s'arrête....
L'UNL n'a jamais annoncé, n'annoncera pas et n'annoncera jamais la fin de la mobilisation. Un syndicat de lycéens à vocation à défendre et à obtenir des droits nouveaux pour tous les lycéens. Je ne vois pas en quoi il serait légitime pour annoncer la fin d'un mouvement. Nous continuons donc à nous mobiliser contre les suppressions de postes prévues pour la rentrée 2008 ainsi que pour les suivantes, puisque le gouvernement a annoncé que les suppressions de postes continueront à être de mise pour les prochaines rentrées...Djeune : T'es en quel classe? C'est pas trop dur d'allier manif et boulot?
Je suis en terminale L à Charleville-Mézières, dans les Ardennes. Je ne te cacherai pas que c'est assez compliqué, mais tout est une question d'organisation. J'arrive encore à allier les deux, c'est le principal. Je vais tâcher de continuer dans cette voie.
Ninon : Bonjour. Ces manifs ne disent elles pas aussi votre rejet de la politique de Nicolas Sarkozy?
Nous manifestons contre la politique éducative du gouvernement de Nicolas Sarkozy. Par là, nous montrons notre opposition à la politique d'économie à tout prix qu'il impose à l'Education Nationale. Pour nous, l'Education a besoin d'ambition. Il ne faut pas tomber dans la caricature, on ne veut pas arroser les lycées de milliards d'euros, mais nous souhaitons que la véritable saignée que connaît l'Education Nationale cesse, il en va de l'avenir de notre service public d'éducation.
Mat: Comment imagines-tu la suite du mouvement? Vous rencontrez le ministre vendredi? Êtes-vous prêts à faire des concessions?
Non, nous ne rencontrons malheureusement pas le ministre de l'Education vendredi, mais nous sommes toujours dans une volonté de dialogue, puisque c'est par cette méthode que nous pouvons nous en sortir. Je ne vois pas quelles "concessions" nous pouvons effectuer ! Le seul qui est en mesure de faire des concessions, c'est Xavier Darcos.
Youndé : Il est comment en vrai le ministre?
Le ministre donne l'impression d'être ouvert sur certains points, notamment sur la question de la réforme du Lycée, où il veut y associer directement les lycéens. Sinon, je ne peux pas trop en dire, nous avons surtout eu affaire avec son cabinet ces dernières semaines.
Djeune : Es-tu engagé politiquement? Si oui où?
Non, je ne suis pas engagé politiquement. Cela ne veut pas dire que je considère l'engagement politique comme "inférieur" à l'engagement syndical, loin de là.
Nanou75 : Bonjour. Je suis d'accord avec les manifs mais j'ai peur d'y aller à cause des casseurs. Pensez-vous que la manif de demain se passera dans l'ordre? Y aura-t-il un service de sécurité?
Il ne faut pas avoir peur d'aller manifester pour porter ses revendications. Contrairement à ce que certains médias voudraient faire croire, les manifestations ne ressemblent en aucun cas à un champ de bataille. Il existera toujours des cons pour tenter de faire dégénérer la manif, mais la sécurité du cortège est et sera toujours assurée. Comme dirait l'autre, "n'ayez pas peur!"
Patrick: Le ministre a déclaré cet après midi que la grève de demain était celle des profs et des maires socialistes... En gros y a que la gauche dans la rue?
Je vois que le ministre a toujours envie de polémiquer dans le vide... C'est affligeant. Non, il n'y a pas que la gauche qui se mobilise contre le démantèlement du service public d'éducation. Beaucoup de jeunes se mobilisent alors qu'ils ne veulent pas encore se situer dans l'échiquier politique et j'ai même pu constater que certains jeunes dits de "droite" se joignent à nous pour afficher leur mécontentement quant à la politique éducative du gouvernement. J'espère que les prochaines déclarations du ministre auront plus... de fond.
Merci à toutes et à tous pour vos questions. Peut-être @ demain !