Interview de Lecoultre (UNL) par le Nouvel Obs

Citation :

"C'est le début d'un grand mouvement national "
Concrètement, quels impacts auront pour vous (lycéens) ces réformes?

- La politique du gouvernement a diverses conséquences. Les lycéens continueront à se mobiliser car nous avons atteint un point de non retour. Il y a le problème du sureffectif, les lycéens sont déjà pour la plupart plus de 35 par classe. Il n'est pas possible de travailler dans de bonnes conditions dans ce contexte, l'ambiance se détériore. Le suivi individualisé qui est nécessaire, particulièrement pour les élèves en difficulté, n'existe presque plus et sera amené à disparaître avec ces suppressions de postes.
Concernant la généralisation du baccalauréat professionnel, ce qui nous dérange le plus, c'est le manque de clarté de la part du gouvernement. Les élèves de ces filières attendent des réponses pour leur bac. Si cette décision est appliquée, ce sera une vraie catastrophe, car ils devront effectuer le même travail, mais passer d'une période de 4 à 3 ans. Cela entraînera une dévalorisation de leur diplôme, car la durée de stage sera plus courte.

Il n'y a pas encore eu de prise de contact de la part du gouvernement. Comment l'interprétez-vous?

- C'est pourtant ce que l'on demande. On ressent une forme de mépris de leur part. Il n'y a pas de concertation avant la prise de décision. Alors qu'il y avait de vraies organisations, comme l'UNL ou la FNIL qui représentent les lycéens, à qui ils auraient pu s'adresser pour discuter.
Je reste assez étonné par la prestation de Xavier Darcos jeudi sur le plateau de France 3. Il devait parler de la situation de l'Education nationale. Il a consacré seulement 15 secondes à nous répondre et a assuré que les conditions de travail seraient les mêmes en septembre. Mais il n'a pas compris que ce n'est pas ce que nous voulons. Nous réclamons de meilleures conditions.
C'est pour ça qu'il est important qu'ils prennent le temps de discuter avec les représentants des lycéens afin de parvenir à une véritable entente.

Le retrait de la loi Fillon (2005) avait été possible grâce à une forte mobilisation (100.000 à 150.000 personnes). Pensez-vous que le rassemblement prévu pour le 1er avril sera assez important pour faire changer la décision du gouvernement?

- Ce mouvement n'est pas le fruit d'un mécontentement irréfléchi, nous discutons de ces problèmes depuis plusieurs semaines en assemblée générale. C'est pourquoi je pense que ce n'est que le début d'un grand mouvement national. Jeudi, nous étions plus de 6.000 dans les rues et mardi, nous serons beaucoup plus nombreux. C'est une décision qui touche tous les lycéens, mais aussi les enseignants et les parents. Nous avons fait appel à eux pour la prochaine grève et nous avons lancé un appel à la mobilisation dans toute la France. L'UNL est présente dans 80 départements et va rassembler les lycéens au niveau local.
Nous continuerons le mouvement tant que nous n'aurons pas de réponses.


Interview de Florian Lecoultre par Ryslaine Boumahdi

(le vendredi 28 mars 2008)

>> http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/3_questions_a/20080328.OBS7041/cest_le_debut_dun_grand_mouvement_national_.html