Postes d'enseignants: première mobilisation lycéenne d'ampleur en province
PARIS (AFP) — La province a mobilisé mardi des lycéens et enseignants par milliers contre les suppressions de postes prévues dans les collèges et lycées à la rentrée, une première pour une mobilisation qui n'avait jusqu'ici décollé qu'en région parisienne.
Avec entre 20.000 et plus de 30.000 manifestants selon un comptage effectué par les bureaux de l'AFP et entre 40.000 et 50.000 selon le syndicat lycéen Fidl, ce sont plus d'une trentaine de villes des zones A et B qui se sont mobilisées au total.
Des syndicats avaient en outre ponctuellement appelé les enseignants à la grève, qui ont grossi les rangs des jeunes manifestants.
Les deux syndicats lycéens, la Fidl et l'UNL ont appelé les lycéens à se joindre aux cortèges du 1e mai pour maintenir le rapport de force avec le gouvernement tant que la zone C (Paris, Créteil, Versailles et Bordeaux) n'est pas rentrée.
A son retour et une fois passés les ponts du mois de mai, une journée de mobilisation fonction publique, éducation, lycéens est prévue le jeudi 15 mai, puis une manifestation nationale le dimanche 18 mai à l'appel de la FSU et enfin une nouvelle journée d'action le samedi 24 mai.
"On ne peut bâtir une école qui vise à la réussite de tous en étant guidé par des logiques uniquement comptables et budgétaires, la réforme du lycée doit se faire dans l'intérêt des lycéens et non pas contre eux", a prévenu l'UNL dans un communiqué.
"La mobilisation d'aujourd'hui a montré que les lycéens sont de plus en plus nombreux dans les rues à refuser la logique budgétaire du gouvernement", a renchéri la Fidl dans un communiqué séparé.
Dans la matinée, le ministre de l'Education avait promis qu'il ne serait "pas le ministre qui cède, une fois de plus". "Je serai le ministre qui ira jusqu'au bout des réformes", avait-il assuré lors d'une conférence de presse.
Celle-ci, pourtant consacrée aux nouveaux programmes de l'école primaire, a été pour lui l'occasion d'opposer le "parti du statu quo", qui "réclame toujours plus de postes", et sa volonté de "réformer de bonne foi" contre "ceux qui veulent que nous restions sur le toboggan qui nous fait descendre dans les classements internationaux".
Concrètement, 11.200 équivalents temps plein sont supprimés à la rentrée dans les collèges et lycées, qui perdent parallèlement 40.000 élèves. En tout, les collèges et lycées publics devront se passer de 8.830 postes dont 3.500 compensés par des heures supplémentaires.
Dans les différentes manifestations, on pouvait lire ou entendre "nous sommes les lycéens en guerre contre l'Etat", "c'est la rue qui décide quand la raison déraille", "école gâchée, lycée bâclé", "c'est pas les profs, c'est pas les sans-papiers, c'est le gouvernement qu'il faut virer" ou encore "moins de flics, plus de profs".
Jusqu'à 4.000 personnes selon les organisateurs ont défilé à Toulon et Nice (respectivement plus de 2.000 et 1.500 selon la police), entre 1.600 et 3.000 à Tours, 1.500 et 3.000 à Rouen ou encore entre 1.500 et 2.000 à Marseille, 700 et 1.500 à Orléans, entre 800 et 1.500 à Strasbourg, entre 700 et 1.000 à Toulouse.
Quelques centaines de lycéens ont en outre défilé à Lille (400), Besançon (800), Lyon (entre 400 et 800), Saint-Maximin (Var), Avallon (Yonne), Chateauroux ou Flers (Orne).
A noter qu'à Rennes, ce sont entre 2.000 et 3.500 enseignants du primaire qui ont manifesté contre les fermeture de classe et que dans le Gard, 66% des collégiens et lycéens étaient absents, selon l'inspection d'académie.