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Votation Lycéenne, une mascarade de l'Union
Nationale Lycéenne ?Les interviews complètes : http://raphael.moonfruit.fr/
_Clara Paul Zamour, secrétaire générale de l'UNL
_Massira Baradji, président de la FIDL
_Sacha Camporini, président du SGL
_Jules, porte parole de Sud Lycéen 35
La votation lycéenne sur la réforme du lycée a été lancée au printemps dernier
par 7 mouvements de la jeunesse; l'Union Nationale Lycéenne, la
Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne, le Mouvement des
Jeunes Socialistes, les Jeunes Communistes, les Jeunes Radicaux de
Gauches, les Jeunes Verts ainsi que les JOC ?? Qu'en ai t'il aujourd'hui
de cette votation ? A t'elle porté ses fruits ? J'ai mené mon enquête.
Accrochez vous, de drôles de révélations vous attendent !Afin d'en savoir plus, j'ai interviewé l'ensemble des syndicats lycéens;
signataires comme non signataires de la votation. En effet, ceux qui
n'en font pas souhaité s'y joindre ont parfois des raisons légitimes de
le faire. Je précise que je ne me suis pas penché sur l'avis des
organisations politiques.
Qu'en disent d'abord les organisations signataires de la Votation
Lycéenne ?Pour Clara Paul Zamour, secrétaire générale de l'UNL
: «C'est une initiative collective, […] l'UNL et la FIDL
étant à l'impulsion de la votation». Pour elle, l'objectif était
d'abord de «faire pression sur le gouvernement»face aux multiples
dégradations que subies aujourd'hui l'école Publique. Réforme du lycée,
suppressions de postes, suppression de la carte scolaire, réforme de la
formation des professeurs ect, les organisations signataires de la
votation souhaitaient par le biais de ce vote montrer le désaccord de la
jeunesse face à la politique du gouvernement en matière d'éducation.
Massira Baradji, président de la FIDL précise ainsi que l'un des enjeux
de la votation était de «Faire comprendre au sein du ministère que les
jeunes ne sont pas dupes de la réforme du lycée, de la politique
sécuritaire et économique qu'engage le gouvernement […], montrer que
c'est bien la majorité des lycéens qui sont contre cette politique la».
Et les organisations non-signataires ?
Pour Sacha Camporini, président du SGL, c'est une bonne initiative «qui
permettait à la fois d'informer et de mobiliser les lycéens ainsi que
l'opinion publique. […] Elle aurait pu permettre de médiatiser la
réforme du lycée auprès des lycéens mais aussi auprès des médias en
montrant que les lycéens la repoussait». Jules, porte parole de Sud
Lycéen 35 n'est pas sur la même ligne. Trois raisons expliquent que leur
fédération n'a pas souhaitée s'y joindre. «Le mot d'ordre de la
votation n'était pas correct puisque c'était 3 questions où la réponse
était déjà donnée à l'avance […], on estime que c'était pas utile pour
faire réfléchir les lycéens et faire passer nos revendications.»Seconde
raison, le moment choisit pour lancer la votation. «Nous on pensait
qu'une votation ça aurait pu être juste, avec comme question 'pour ou
contre la réforme chatel' mais elle aurait pu être juste en septembre ou
en octobre, avant le mouvement pour expliquer notre opposition à la
réforme aux lycéens ». Dernière raison, «Essayer de convaincre les gens
en mai ou en juin que la réforme n'est pas bien est inutile. La raison
de cette votation en mai-juin, c'est pour servir d'alibi aux centrales
comme le Mouvement des Jeunes Socialistes ou de l'UNL qui n'ont rien
fait pour la plupart de leurs fédérations en dehors de quelques
exceptions pendant le mouvement lycéen, voir qui ont mis des bâtons dans
les roues au mouvement.»
Le but est-il atteint ?De leur point de vue, il serait à moitié atteint. Atteint parce que les
lycéens auraient voté en masse, et auraient surtout voté contre la
réforme du lycée, ce que souhaitent montrer les organisations
signataires. Je n'ai pu obtenir aucuns chiffres puisque selon Clara Paul
Zamour, toutes les organisations n'auraient pas encore fait remonter
leurs listings. D'un autre côté comme nous l'a dit Massira Baradji, «on
est fasse à un gouvernement qui ne veut rien lacher», quelque soit
l'issus du vote, les organisations signataires ne s'attendaient donc pas
à un changement de ton du gouvernement. On peut donc interroger sur la
pertinence d'une telle votation lancée en fin d'année et après le
mouvement lycéen..
Voilà pour la ligne officielle, celle qui est défendue par les
organisateurs de cette votation. En creusant un peu plus, on se rend
compte que cette ligne est loin d'être partagé par tous, y compris par
de nombreux militants de l'UNL ou de la FIDL ayant mené la votation.
Une initative collective ?Première révélation, le Syndicat Général Lycéen (SGL) n'aurait pas été
accepté dans la liste des organisations signataires. C'est Sacha
Camporini, président du SGL qui nous l'annonce; «On a été écarté. On
nous a dit clairement, 'non vous êtes une organisation minoritaire'
alors qu'on est majoritaire au Conseil National de Vie Lycéenne et qu'on
a un élu au Conseil Supérieur de l'Education» Révélation confirmée par
la FIDL mais aussi par Clara Paul Zamour pour l'UNL qui bizarrement
m'affirme d'abord ne pas connaître l'organisation.. «Je ne connais pas
cette antitée». Vraiment étrange quand on sait que le SGL est né d'une
scission de l'UNL. Miraculeusement, quelques mots plus tard, la
secrétaire générale de l'UNL se souvient de la fameuse antitée et
m'explique que c'est parce qu'elle est une organisation minoritaire
qu'elle a été refusée. Et bien.. pour une initiative collective, elle
est drôlement individuelle. Le président de la FIDL m'avouera que c'est
un choix politique de l'UNL qui n'était pas partagé par toutes les
organisations signataires. «Sachant que le SGL est né d'une scission de
l'UNL et que l'UNL est pilote [dans la votation], elle refuse
logiquement leur présence.»
Une votation mal perçue ?Seconde révélation, la votation aurait été parfois mal perçue par les
lycéens. Arrêtons nous sur les questions du la votation : «Tu es pour?:
Un lycée qui s'adapte uniquement aux besoins du marché ou Un lycée où
c'est toi qui choisis ta filière; Tu es pour?: La concurrence entre
lycées d'élites et lycées ghettos ou Une carte scolaire qui garantit
l'égalité; Tu es pour? Des profs à la sauce Sarko, moins nombreux, moins
formés ou Les moyens d'obtenir un diplôme qui permet de s'en sortir.».
Des questions très orientées qui ne laissent aucun suspens dans les
réponses comme l'affirme Jules de Sud Lycéen 35 ou Titouan, un militant
de l'UNL 44. «Du point de vue de la FIDL, on aurait plutôt été pour un
choix de réponse plus large » m'avouera Massira. «L'objectif de faire
des questions comme ca c'est de montrer qu'il y avait vraiment deux
visions de l'éducation qui s'opposent» se défend Clara qui m'explique
que la Votation aurait été suivie d'«AG de la votation, de débats sur la
votation ce qui a permis que les lycéens discutent entre eux de toutes
ces questions là» Sur le terrain pourtant, certains lycéens se seraient
plaint de telles réponses, beaucoup trop orientées. C'est ce que me
rapportent des militants de l'UNL ayant mené la votation. Certains de
ces militants étaient même en désaccord avec une telle votation.
Titouan, militant de l'UNL 44 : «Faire une votation ou c'est juste faire
signer des gens pour dire en gros, 'la politique du gouvernement c'est
de la merde', on est pas convaincu de l'aboutissant d'une telle
pétition. […] C'est bien beau d'instaurer des votations contre la
politique du gouvernement sachant qu'on a pas essayé de mobiliser contre
la réforme Chatel. […] Ca sert à rien de lancer une votation au moment
où la dynamique n'est plus vraiment là dans les lycées.»
L'objectif caché de la Votation, penser les plaies de l'UNL ?Si les organisations signataires étaient conscientes qu'une telle
Votation n'aurait pas de conséquence alors que pouvaient-elles donc en
tirer ? Selon Sacha Camporini, l'UNL et le MJS (et non pas unl et fidl
comme l'affirmait Clara Paul Zamour) auraient lancé la votation «juste
parcequ'ils sont entrain de perdre beaucoup de leurs effectifs et ils
voulaient se faire un carnet d'adresse». Effectivement, seules l'UNL et
le MJS détiennent apparemment le listing des signataires après enquête.
Un militant de la Fidl me confirme qu'ils n'ont pu avoir accès à la
gestion du site de la Votation. Une autre confirmation et peut être la
plus importante me vient d'un militant de l'UNL qui a souhaité garder
l'anonymat. Celui ci aurait eu confirmation par Clara Paul Zamour que
l'objectif était bien une prise de contact après qu'il lui ai expliqué
ses craintes pour la Votation, «Elle m'a dit, mais de toute façon, c'est
de la prise de contact».
L'UNL aurait-elle vraiment lancé cette Votation pour se faire un
carnet d'adresse ? Beaucoup d'éléments confirment cette thèse. Ce qui
est sur, c'est qu'après le départ de la tendance interne UNL D
(aujourd'hui SGL) et les démissions en chaine, l'UNL a perdu beaucoup en
crédibilité et beaucoup de ses militants. La Votation Lycéenne n'aura
dans tout les cas pas fait grand bruit, elle nous aura en revanche
permis d'admirer comme le mensonge est affaire courante au sein du
bureau national de l'UNL.Raphaël Rezvanpour
Je souhaite préciser que l'objectif de mon article n'était pas à la base
de viser l'UNL mais bien de savoir où en était la votation.