Rassemblement devant le TGI de Paris après-demain, 21 octobre, à 8h30 !
Lou Jatteau risque 3
ans de prison pour un blocage au lycée Jules Ferry !
Résumé
de l’affaire Lou Jatteau
Lou Jatteau, ancien élève
du lycée Jules Ferry à Paris, comparaît le 21
octobre 2009 devant le Tribunal Correctionnel pour avoir
« volontairement commis des violences » contre
la Proviseure dans le cadre d’un blocage, lors du mouvement contre
les suppressions de postes au printemps 2008. Il avait déjà
été exclu définitivement de son lycée le
16 mai 2008 pour ces faits qu’il conteste. Pour lui, il s’agit
aujourd’hui d’une deuxième injustice. Comme il l’a déjà
dit devant le conseil de discipline, il a effectivement participé
au blocage mais nie les faits qui lui sont reprochés. Il n’a
jamais voulu porter atteinte à quiconque. De plus, il
s’agissait d’un mouvement collectif. En l’accusant lui seul
depuis le début, la proviseure semble en avoir fait une
affaire personnelle. Il espère avoir l’occasion de
s’expliquer enfin devant la justice après un conseil de
discipline où les règles du droit ont été
bafouées.
Contacts :
Lou Jatteau (06 67 53 76
61) loujatteau@gmail.com
Arthur Jatteau (06 64 64
77 05) arthur.jatteau@ens-cachan.fr
Chronologie détaillée
- 15 avril 2008 : le
lycée Jules Ferry, à Paris, est bloqué, pour la
première fois dans le cadre du mouvement lycéen qui
s’oppose à la suppression de postes dans l’Education
Nationale. Auparavant, il y a eu des assemblées générales
et des appels à manifester.
La proviseure, Madame
Henry, par ailleurs responsable pour Paris du SNPDEN (le syndicat
majoritaire des proviseurs), décide le jour même la
fermeture administrative du lycée jusqu’au début des
vacances le 19 avril.
- 18 avril 2008 : à
la veille des vacances, Mme Henry envoie une lettre recommandée
à Lou Jatteau – il a eu 18 ans le 10 mars – lui annonçant
la tenue d’un conseil de discipline le 16 mai sans aucune
explication. Elle l’informe aussi d’une « mesure
conservatoire » (mesure pourtant exceptionnelle prise
habituellement contre les « individus dangereux »)
prise à son encontre : il lui est interdit de revenir
au lycée tant que le conseil de discipline n’a pas pris sa
décision. D'emblée, elle considère Lou comme le
seul et unique responsable de la mobilisation à Jules Ferry et
des prétendus désordres qu'elle dénonce.
- 5 mai 2008 : le jour de
la rentrée, le père de Lou Jatteau appelle Mme Henry
pour en savoir plus. Elle lui explique que Lou aurait été
le leader du blocage, aurait entraîné ses camarades,
aurait mis en danger la sécurité de l’établissement
et aurait tenté de refermer la porte latérale du lycée
sciemment sur elle, lui blessant le pouce. Elle ajoute qu’elle a
porté plainte au commissariat.
Lors du blocage, certains
lycéens ont effectivement fermé une porte latérale
du lycée. Lou n’en faisait même pas partie, bien que
participant effectivement au blocage. Mais tous les participants
nient fermement l’avoir poussée sur le pouce de la
proviseure. Personne n’a d’ailleurs vu un signe de la prétendue
blessure de Mme Henry.
De plus, malgré
l’insistance de M. Jatteau, elle refuse de mettre en place un suivi
pédagogique alors que Lou va passer les épreuves de
français et de SVT du bac en juin.
Il se retrouve donc du
jour au lendemain sans lycée et sans professeurs, isolé
de ses camarades, sans que la proviseure n’ait cherché à
le rencontrer avant d’en recourir à des mesures aussi
extrêmes, ni à entrer en contact avec ses parents ou à
tenter une quelconque médiation. Lou restera sans lycée
jusqu’à la fin de l’année scolaire. Il devra
réviser seul le bac chez lui.
- 16 mai 2008 : le
conseil de discipline décide de l’exclusion définitive
de Lou Jatteau, pour « violences délibérées
envers la Proviseure dans l’exercice de ses fonctions ».
Le conseil s’est tenu
de façon parfaitement anti-démocratique. En effet, les
pétitions de soutien qui ont recueilli plusieurs centaines de
signatures et les témoignages écrits de lycéens
de Jules Ferry disant qu’ils avaient participé aussi au
blocage et poussé la porte, n’ont pas été
joints au dossier, soi-disant parce qu’ils auraient été
versés trop tard. De plus, la proviseure, qui est la
plaignante, préside la séance, au mépris du
droit (elle était à la fois juge et partie). Lors des
interventions en faveur de Lou, elle discute tout haut avec son
adjoint. Elle coupe aussi régulièrement la parole à
Lou qui reconnaît qu’il a participé au blocage mais
que c’était une action collective et qu’en aucun cas il
n’a voulu porter atteinte à la proviseure ni à
quiconque. Dans le procès-verbal du conseil de discipline, il
n’y a pas un mot du témoignage de la professeure de SES de
Lou, en 1ère ES, qui lui est favorable.
- 5 juin : Près
de deux mois après le dépôt de plainte (!), Lou
est convoqué au commissariat pour donner sa version des faits.
Il apprend alors que Mme Henry a refusé de faire examiner son
pouce par les UMJ (unités médico-judiciaires) - elle
n'a d'ailleurs eu aucune journée d' ITT.
- 25 juin : l'exclusion
définitive de Lou est confirmée en appel.
Après une
terminale au lycée Colbert, à Paris, Lou a eu le bac en
juin 2009. Il est depuis entré à l’université
Paris 5. Mais Mme Henry, partie à la retraite depuis, a tenu à
maintenir sa plainte.
Il s’agit donc d’une
double peine, doublement injuste parce que Lou est innocent.
L’exclusion définitive est de plus une mesure d’une rare
sévérité. Elle a été très
rarement prononcée y compris dans des lycées qui ont
été bloqués des jours, voire des semaines, ce
qui n’est pas le cas de Jules Ferry. En réalité, la
proviseure a sans doute lui voulu lui faire payer le fait d’être
un des leaders du mouvement lycéen à Jules Ferry.
Le 24 septembre dernier,
Lou Jatteau a reçu sa citation à comparaitre en tant
que prévenu devant le tribunal de grande instance de Paris
pour avoir "volontairement commis des violences sur une personne
chargée d'une mission de service publique". La peine
maximale encourue est de trois ans de prison et 45 000 euros
d'amende…
La FCPE Paris et le SNES
ont publié un communiqué de soutien à Lou
Jatteau le 29 mai 2008 que l’on peut consulter à l’adresse
suivante :
http://www.fcpe75.org/pdf/080529CPfcpe_snes_paris_lyceens_sanctions.pdf