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Nombre de messages : 9064 Age : 33 Ville : Grand Ouest Date d'inscription : 17/05/2007
| Sujet: Interview d'Aschieri (FSU) rentrée 2009 Dim 20 Sep - 19:45 | |
| Résultats d'un chat entre les internautes du Monde.fr et G. Aschieri, le dirigeant de la FSU, 1er syndicat d'enseignants. - Citation :
- Education : "Luc Chatel esquive les problèmes et les débats", estime Aschieri
LEMONDE.FR | 28.08.09 | 17h43 • Mis à jour le 02.09.09 | 15h38
Laurent : Malgré les grèves à répétition (ou peut-être à cause des grèves à répétition) on a le sentiment que les syndicats ne pèsent plus vraiment sur l'évolution des choses dans l'éducation. Est-ce que c'est aussi votre sentiment ?
Gérard Aschieri : La réalité est complexe et contradictoire. D'abord, il faut voir que les mouvements que nous avons connus les années précédentes ont créé un rapport de force dont le gouvernement a dû tenir compte. Les exemples sont multiples. Par exemple le report de la réforme des lycées, le recul partiel sur les Rased [réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté], ou le report à 2011 de la mastérisation du recrutement et de la formation des enseignants.
En revanche, là où nous ne faisons pas bouger de manière sensible la politique gouvernementale, c'est sur la question des suppressions de postes, mais aussi, sans doute, sur la conception même de l'école et de son organisation, comme le montre par exemple le maintien des mesures de suppression de la carte scolaire.
A partir de là se pose évidemment la question : que faire, et pourquoi cet échec ? Je pense que nous avons, en tant qu'organisation syndicale, non seulement à poursuivre les mobilisations des personnels sous des modalités qui permettent de rassembler, mais à mener beaucoup mieux la campagne de l'opinion sur l'école, ses finalités, sa conception et ses moyens. C'est une question hautement politique et nous avons besoin, en tout cas nous essayons, de rassembler. Je ne garantis pas le résultat, mais c'est la seule démarche qui me semble porteuse.
Atchoum : Bonjour, c'est la rentrée ! Pourriez-vous nous dire les dates de la prochaine grève afin que je puisse prendre les devants. En vous remerciant pour votre diligence.
Vous savez, la grève presse-bouton, ça n'existe pas. Il y a des mouvements quand il y a des problèmes et que les personnels qu'on appelle à l'action ont le sentiment que ces problèmes sont insupportables, que les enjeux sont fondamentaux et qu'il est indispensable de se mobiliser. A la date où nous sommes, je ne sais pas s'il y aura grève, manifestation, ou quand il y aura grève ou manifestation.
En revanche, je pense que si la politique aujourd'hui menée se poursuit sans inflexion, il faudra à un moment ou à un autre recourir à ces formes d'action. Mais le premier objectif d'une organisation syndicale n'est pas de faire des mouvements, il est d'obtenir satisfaction à des revendications. Et si nous trouvions des interlocuteurs avec qui discuter et faire avancer les choses, on n'aurait pas besoin de recourir à la grève.
Atelier : Je suis certifié de lettres en lycée. Je constate que le fonctionnement des lycées a fortement été perturbé ces dernières années par de longues grèves des élèves et divers mouvements des professeurs. Le grand bénéficiaire de ces perturbations a été l'enseignement privé. Qu'avons-nous obtenu ? Bien peu de chose à mon sens... Allons-nous persister dans la même stratégie ?
S'agissant des modalités d'action, je n'ai pas d'a priori. D'ailleurs, l'an dernier, on n'a pas fait que des grèves, il y a eu notamment une manifestation nationale un dimanche, très importante, et qui a contribué à peser. Simplement, la grève fait partie des outils du mouvement syndical. Ce sont des outils à utiliser en pensant qu'il y a des élèves, des familles, et que par ailleurs, cela coûte.
Je ne connais personne qui fasse grève simplement pour ne pas travailler. Donc nous allons débattre des modalités, on va voir ce que souhaitent les collègues, mais ce qui va nous guider, c'est le souci de modalités qui permettent de rassembler massivement, ce qui n'est pas toujours le cas. Par exemple des modalités comme la fameuse désobéissance. Nous n'avons jamais donné ce mot d'ordre, justement parce qu'il ne nous permet pas de rassembler massivement. Mais nous savons que ceux qui s'intitulent les désobéisseurs ont une critique de la politique gouvernementale qui correspond à celle largement partagée par les collègues. Et nous pensons que l'absence de dialogue de la part du gouvernement est responsable de ces choix d'action. C'est pour cela que nous nous sommes opposés et que nous continuerons à nous opposer aux sanctions.
Le ministre, me semble-t-il, a perdu une occasion de renouer le dialogue avec les personnels lorsqu'il a affiché sa volonté de poursuivre la politique de répression engagée par son prédécesseur. Nous avons obtenu notamment le report de la réforme des lycées, mais aussi le fait que le rapport Descoings soit sur des bases sensiblement différentes de la réforme Darcos. Nous avons obtenu le report en 2011 de la réforme de la formation des enseignants, et des concessions insuffisantes mais réelles sur le contenu de cette réforme. Nous avons obtenu le rétablissement de la moitié des postes de Rased supprimés.
Je dis et je continue à dire que ce n'est pas suffisant, notamment sur la question des suppressions de postes, où le gouvernement ne bouge pas, mais c'est loin d'être négligeable.
Kaplan : Selon vous, des fermetures de Rased sont-elles encore envisageables ?
Le précédent ministre avait dit qu'on s'en arrêtait là, mais il est vrai que sur le terrain on constate des pratiques de la part des gestionnaires qui peuvent remettre en cause les engagements pris. Je pense donc qu'il y a besoin de rester vigilant sur cette question.
Chris : Comment réagissez-vous au "plan" maternelles de M. Chatel ? Considérez-vous toujours que la maternelle soit menacée de disparition ?
Le recul de Xavier Darcos sur la maternelle fait partie aussi de ce que nous avons obtenu l'an dernier. Les propos de Xavier Darcos articulés avec le projet de jardins d'éveil de Nadine Morano pouvaient signifier une remise en cause du mode d'accueil des enfants en maternelle, du moins pour les plus jeunes. Les deux ministres avaient donné des assurances suite aux mobilisations. Et le plan de Luc Chatel n'est à ma connaissance que la confirmation des assurances données par Xavier Darcos.
Luc Cédelle | |
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