Les travailleurs ont défilé vendredi de Paris à Hong Kong en passant par Moscou et Cuba, pour un 1er Mai largement placé sous le signe de la crise économique et des licenciements. Des incidents ont éclaté dans certains pays, notamment en Turquie, en Grèce, en Allemagne et en Autriche.
En France, les syndicats avaient appelé à des défilés unitaires, une première dans l'histoire syndicale nationale. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont marché à Paris mais dans la capitale, comme dans le reste du pays, la mobilisation a été généralement moins forte que lors des journées d'action des 29 janvier et 19 mars, plus forte que lors du 1er Mai 2008.
A Berlin, 5.000 personnes défilaient sous le mot d'ordre "Le Capitalisme est la Guerre et la Crise" ("Kapitalismus Krieg & Krise"), a tourné au très violent affrontement entre quelque 400 militants de gauche et des policiers. Des dizaines de policiers et de militants ont été sérieusement blessés dans la nuit de vendredi à samedi. Au moins 28 militants ont été arrêtés.
Toujours en Allemagne, à Dortmund (ouest), ce sont 200 personnes qui ont été interpellées après des jets de pierres et de feux d'artifice de manifestants d'extrême-droite sur des passants et des policiers. A Ulm (est), la police a dispersé aux canons à eau des milliers de personnes qui protestaient contre des groupes néo-nazis.
En Autriche, cinq personnes ont été arrêtées et plus de 20 autres blessées, au cours d'affrontements entre manifestants et policiers, lors d'un rassemblement dans la ville de Linz (nord), organisé par le Parti communiste.
En Suisse, 20.000 à 23.000 personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes, mobilisées par la lutte contre la crise économique. La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey a rappelé l'importance de la solidarité. Quelques heurts ont éclaté à Zurich entre des casseurs et la police.
En Italie, les syndicats avaient appelé à défiler dans la ville de L'Aquila, dans le centre du pays, frappée par un tremblement de terre il y a quelques semaines, en signe de solidarité.
En Espagne, où le taux de chômage est le plus fort de l'Union européenne, des dizaines de milliers de manifestants ont participé aux cortèges mais les organisateurs en espéraient plus.
En Grèce, la police a dispersé des manifestants qui s'en prenaient à des banques et à des caméras surveillant la circulation. Les incidents ont entraîné des perturbations dans transports en commun: bus, trains, ferries et vols d'Olympic Airlines.
En Turquie, où le 1er Mai n'est déclaré chômé que depuis une semaine, le rassemblement sur la place Taksim d'Istanbul, ensanglantée lors du 1er Mai de 1977, a été dispersé par la police à coups de canons à eau. Au moins 26 personnes ont été interpellées, selon l'agence de presse Anatolie.
A Moscou, la police était mobilisée en nombre pour faire face aux communistes et opposants, tous unis contre le gouvernement russe. La police moscovite a fait état de quatre arrestations et des dizaines d'autres étaient signalées à Saint-Pétersbourg.
Les plus gros cortèges étaient cependant organisés par le parti Russie unie, au pouvoir et les syndicats. L'opposant et ancien champion d'échecs Garry Kasparov a rassemblé quelque 200 partisans à Moscou, pour les appeler à défier "le régime criminel et corrompu" du président Dimitri Medvedev et de son Premier ministre (et ancien président) Vladimir Poutine.
En Asie également, des centaines de personnes ont défilé à Hong Kong pour protester contre les licenciements et le chômage partiel et demander la mise en place d'un salaire minimum garanti.
Au pays du soleil levant, qui subit de plein fouet la crise économique, les nombreux manifestants ont appelé au changement dans les rues de Tokyo. Ils disaient non au Premier ministre Taro Aso et non au principal parti d'opposition, le Parti démocrate du Japon (PDJ), qui part favori pour les législatives du 10 septembre prochain. Le défilé était organisé par la Confédération nationale du Marché.
A Séoul, environ 16.000 personnes, selon la police sud-coréenne, ont manifesté pour l'emploi et contre la politique du gouvernement du président Lee Myung-bak. Aucun incident grave n'a été signalé.
En Corée du Nord, simples citoyens et responsables du gouvernement ont marqué la fête du Travail avec des cérémonies bien organisées par le régime communiste et notamment des hommages au président défunt Kim Il Sung, le père du dirigeant actuel Kim Jong Il, selon l'agence de presse officielle KCNA.
Au Népal, des partisans maoïstes et des syndicats ont massivement déflié dans la capitale Katmandou.
A Cuba, plusieurs milliers de personnes ont célébré la Fête du Travail, envahissant les rues de La Havane.
AP