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 Argumentaire de la réforme du lycée

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MessageSujet: Argumentaire de la réforme du lycée   Argumentaire de la réforme du lycée Icon_minitimeMar 28 Oct - 19:51

ARGUMENTAIRE SUR LA REFORME DU LYCÉE


Cet argumentaire s'appuie sur quatre documents : principalement le discours du ministre Darcos du 17 juillet, ainsi que le Rapport Pochard émis le 4 février 2008, les « Points de convergence entre le ministre de l'Éducation et les représentants des lycées et les Points de convergences entre le ministère de l'Éducation et les syndicats lycéens ».
Il sera donc modifié et amélioré, sans doute, à la rentrée et surtout en octobre (voir calendrier de la réforme à la fin), dès apparition de textes de loi.


La réforme du lycée vise à réorganiser tout le fonctionnement de celui-ci en se fondant sur trois axes :

1. La restriction de budget de l'Éducation Nationale

Le gouvernement a pour objectif de réduire le financement apporté à l'Éducation Nationale par tous les moyens, (chiffres,suppressions de postes de profs à rajouter). Le gouvernement d'un côté crée une situation de misère pour l'école et dans toute la société. Et il s'appuie sur cette situation de crise générale pour aggraver les conditions d'études.
Face à la pénurie qu'il a lui-même créé, il a pour réponse l'autonomie financière. Désormais, chaque établissement sera contraint de chercher de l'argent auprès d'entreprises et de collectivités territoriales. Les établissements vont donc être dotés d'une autonomie financière. Les lycées vont voir arriver l'apport de fonds privés comme cela est arrivée aux facs avec la loi d'autonomie des universités.
Le gouvernement veut nous faire croire que c'est la seule solution et que c'est tout à fait normal. Mais comment croire que les entreprises, dont le but premier est de faire des profits, vont faire des donations sans aucun retour, ni avantages ? Le grand risque est donc que les entreprises aient un droit de regard, au moins officieux, sur les programmes et leurs contenus. Elles pourraient donc demander à ce qu'ils soient modifiés en fonction de leur besoins, selon leurs besoins pour la future main-d'oeuvre.
Il reste clair que, même si ce mécanisme se réalise, il prendra du temps et n'aura pas lieu du jour au lendemain. Il est évident que le gouvernement n'a pas le rapport de forces nécessaire pour assumer un changement brutal.

2. La professionnalisation des matières et programmes

Le lycée est aujourd'hui organisé en une seconde de détermination qui est une phase d'adaptation entre le collège et le lycée, puis un cycle première-terminale général, technique ou technologique divisé en plusieurs filières (filières scientifique, littéraire ou SES, Sciences et Technologie de la Gestion avec différentes spécialités...). La réforme vise à démanteler les filières et à réorganiser les programmes en trois blocs :

- des enseignements généraux
- des enseignements complémentaires
- des enseignements et activités d'accompagnement

Le premier bloc joue le rôle de socle commun et reste le même d'un lycée à l'autre, il ne représente que 60% du programme en seconde et 45% du programme en première et terminale, soit une restriction importante des bases et de la culture générale par rapport aux programmes d'aujourd'hui.

Les deuxième et troisième blocs sont différents d'un lycée à l'autre, en fonction du projet de l'établissement, projet défini par le proviseur (c'est dans ce projet que pourraient intervenir concrètement les entreprises en fonction de leur « générosité » ! ).

On peut logiquement imaginer que :
- que dans un lycée de milieu défavorisé, le projet de l'établissement sera, principalement, l'insertion professionnelle le plus tôt possible, l'orientation vers les BTS ou autres études supérieures courtes. Les matières seront donc définies en conséquence, avec plus d'aides individualisées, des matières beaucoup plus spécialisées, beaucoup plus professionnalisantes...
- dans un lycée de milieu plus aisé, le projet sera principalement l'orientation vers de grandes écoles, vers des prépas. Les matières seront donc orientées vers l'approfondissement de la culture générale... (faire recherche: exemple mcdo angleterre)
Cette différenciation va donc creuser le phénomène déjà bien connu de lycées d'élites/lycées poubelles.
De plus, le lycée va être organisé, par semestres et non plus par année. A la fin de chaque semestre, les lycéens auront un rendez-vous d'orientation où ils pourront changer de modules. Il sera donc très facile de mettre la pression sur un élève pour qu'il prenne des matières de plus en plus professionnalisantes en prétendant s'appuyer sur son niveau et ses aptitudes.
L'organisation du lycée reposera, de plus en plus, sur la hiérarchie sociale et sera le foyer de l'« orientation active », c’est-à-dire de la sélection sociale déguisée.
Pour caricaturer, si tes parents sont pauvres, tu fais des études de pauvres où on s'efforce de t'envoyer sur le monde du travail rapidement et tu deviens pauvre à ton tour !

3. La déqualification des diplômes

Le baccalauréat devrait rester national d'après le ministre. Les programmes n'étant plus les mêmes entre différents établissements, ton diplôme n'offre plus les mêmes garanties. Un bac L à la suite d'une scolarité au lycée Pasteur à Neuilly-Sur-Seine (commune la plus riche de France) ne sera pas vu de la même façon qu'un Bac L à la suite d'une scolarité dans un lycée ZEP, tout simplement parce qu’il n’aura plus le même programme, le même contenu. Les chances ne seront plus les mêmes d'une personne à l'autre. Les personnes venant de ZEP auront encore plus de mal que maintenant à accéder aux études supérieures, la déqualification du bac alimentera et renforcera la sélection.
(Explication concrète de la notion de qualification : voir TUUD)

Précision particulière sur la seconde de détermination

Le gouvernement a annoncé que la seconde de détermination ne serait, elle, pas réorganisée et qu'elle préserverait le rôle qu'elle occupe maintenant. Il a tout de même aussi dit qu'elle suivrait la même organisation en trois blocs que la première et la terminale. Il est donc probable qu'elle soit sensiblement moins touchée que les deux autres niveaux du lycée. Mais les conséquences de la réforme restent aussi inquiétantes pour la seconde.
Même s’ils ne sont pas les premiers dans la ligne de mire, dans l’immédiat, tous les élèves de seconde, ceux de cette année ou des années suivantes, seront touchés tôt ou tard par la réforme : tout le monde est concerné et tout le monde doit donc réagir.

Le problème, c’est le changement d’ensemble subi par le lycée. Ce que nous voulons, c’est qu’il donne de véritables diplômes/qualifications, c’est-à-dire des droits dans le monde du travail, une formation qui favorise une compréhension globale et critique du monde dans un cadre démocratique où les jeunes aient un réel droit de décision sur le contenu et l’organisation de leur diplôme. Là ce qu’on nous propose, c'est la transformation de l'école en machine à trier les jeunes, à produire une minorité de futurs privilégiés d’un côté, et une masse de futurs travailleurs précaires de l’autre.
DE LOURDES CONSÉQUENCES POUR LES PROFSLes profs se voyaient déjà imposer des heures supplémentaires à la rentrée à cause des suppressions de postes. La réforme n'arrange rien, et il y aura encore des heures supplémentaires !L'installation d'un système d'accompagnement et d'aides individualisées pour les élèves les plus en difficultés ne va qu'en rajouter.De plus, le ministre lui-même en convient, le fait que le lycée soit réorganisé par semestres remet en question tout le statut des profs. On ne sait pas encore très bien ce que cela va donner. Connaissant la politique menée par le gouvernement, on ne peut que s'attendre au pire !En plus de s'attaquer à la qualité des cours qu'ils auront à donner, on s'attaque à leurs conditions de travail. Et pas qu'un peu. Une vague idée de bivalence émane dans l'air sans que le ministre ait pour le moment confirmé ou précisé.Etre prof, ce sera désormais faire des heures supplémentaires, enseigner plusieurs matières à la fois -matières qui auront du coup beaucoup moins de contenu- et se voir attribuer le rôle d'orienter les élèves vers les matières les plus professionnalisantes possible !




Aujourd'hui, ce ne sont pas seulement les lycéens et les profs qui sont attaqués : salaires et pouvoir d'achat en baisse, augmentation des prix, répression policière, expulsions massives de sans-papiers...
Nous avons tous le même ennemi : le gouvernement ! Sa plus grande arme est de nous diviser. La nôtre sera de nous unir. C'est tous ensemble que nous serons une force !
Jeunes, moins jeunes, travailleurs, chômeurs, retraités, étudiants,sans-papiers : tous victimes de cette politique capitaliste qui vise à servir toujours la même minorité de privilégiés.
Les prochaines luttes doivent être menées tous ensemble. C'est ainsi que nous obtiendrons de réelles avancées, de réelles victoires...
Il est temps de construire une réelle riposte, construisons des comités pour un nouveau parti anticapitaliste dans nos lycées, dans nos quartiers, dans nos entreprises, dans nos facs.
Construisons un parti au service des luttes, des travailleurs, des futurs travailleurs, des exploités, des prolétaires. Construisons un parti qui rompe avec la politique menée par les organisations traditionnelles !

Calendrier des attaques

Novembre-décembre 2008 : affinement de la maquette, notamment pour la seconde ; lancement du travail sur les programmes ; approfondissement de la concertation sur la maquette et les conséquences en matière de fonctionnement des établissements, d'exercice du métier d'enseignant, de vie lycéenne.

Décembre 2008 : décision du ministre sur le projet définitif de seconde et les aspects essentiels du cycle première et terminale ; mise en place de consultations avec les syndicats et autres organisations, démarrage du travail d'élaboration des textes de loi.

Janvier-juin 2009 : préparation de la rentrée dans les académies ; affinement de la maquette pédagogique du cycle terminal et des modes de validation, concertations et décisions correspondantes du ministre ; poursuite en parallèle du travail sur les programmes et adoption des programmes (définitifs ou provisoires) de seconde.

Septembre 2009 : nouvelle seconde.

Septembre-décembre 2009 : achèvement du travail sur les programmes du cycle terminal, approbation de tous les nouveaux programmes.

Septembre 2010 : première année du nouveau cycle terminal.

Septembre 2011 : deuxième année du nouveau cycle terminal.

Juin 2012 : première session du baccalauréat consécutif à la réforme.


Dernière édition par Animateur le Dim 11 Jan - 20:08, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Argumentaire de la réforme du lycée   Argumentaire de la réforme du lycée Icon_minitimeSam 8 Nov - 17:35

Document de la FIDL :

ARGUMENTAIRE
Réforme du lycée


Xavier Darcos, ministre de l'Education nationale, prépare sa réforme du lycée depuis près d'un an.
Il annonce un changement radical pour le lycée général et technologique, changement qui serait mis en place à la rentrée 2009 en classe de seconde.
L'objectif annoncé est de résoudre les problèmes du lycée, tels que l'échec scolaire, l'orientation et l'accès aux études supérieures. En réalité, cette réforme a pour réel objectif de justifier une politique de restrictions budgétaires. Cet objectif s'accompagne d'une volonté de ne plus faire du lycée un émancipateur social.

1) Qu'est-ce que la « réforme du lycée » ? Une escroquerie !

Depuis la rentrée, un battage médiatique sur cette réforme nourri par des explications au compte-goutte du ministre crée une grande confusion.
En prenant le prétexte de s’inspirer d’autres modèles européens, le lycée français changera autant sur la forme que sur le fond. Concrètement, la seconde de 2009 sera organisée de cette façon:

Argumentaire de la réforme du lycée Shama_10

2) Quel sera le lycée de demain? Le lycée light !

Le lycée de demain sera radicalement différent de l'actuel. En effet, au-delà de la disparition d’un réel groupe classe, trois tendances majeures se dessinent à travers la réforme proposée par Darcos :
- des programmes sans aucune spécificité pour ce qui est du tronc commun ainsi qu’un lycée à la « carte ». Sur ce dernier point, derrière l’aspect sympathique de la liberté de choisir ses matières, aucun accompagnement en termes d’orientation n’est prévu, ce qui multipliera la situation d’élèves perdant pied ou construisant un parcours « fun » mais sans cohérence pour l’accès aux études supérieures.
- un abandon de la volonté d’apprendre au lycéen à penser par lui et volonté d’en faire un mouton docile (cf. remise en cause de l’enseignement de Sciences Economiques et Sociales au profit de la « découverte du monde de l’entreprise », attaques répétées contre l’enseignement de philosophie en terminale…).
- une restriction du nombre d’heures enseignées au lycée et donc l’émergence d’un lycée « light », avec le risque que cela représente pour la reconnaissance de la valeur du diplôme du baccalauréat. Sauf pour celles et ceux dont les parents pourront payer des boîtes privées certifiant les connaissances dans tel ou tel domaine ! Bref, sans avoir l’air d’y toucher, cette réforme remet potentiellement en cause la valeur nationale du diplôme du baccalauréat et pourrait conduire, contre toute volonté d’égalité sociale, que les plus modestes se voient décerner des diplômes dévalorisés.

3) Y a-t-il un rapport entre les suppressions de postes et la Réforme du lycée? Celle-ci sert à masquer celles-là !

Il existe un rapport direct entre les suppressions de postes et la réforme puisque les suppressions de postes font partie des dommages collatéraux de cette Réforme.
En effet, la réforme prévoit une considérable réduction des matières du tronc commun ainsi que le remplacement de l'Aide Individualisée en seconde (anciennement assurée par des professeurs) par des heures de soutien assurées par des étudiants ou des surveillants.
En réalité, la réforme est pensée dans le cadre des contraintes budgétaires et, derrière des prétendus accents de modernité, permet d’adapter le service public de l’Education au peu d’argent qu’on veut bien lui accorder. Moins de budget, moins de profs, moins d’heures de cours ! Voilà la logique profonde du ministère et de sa réforme cache-sexe.

4) Le baccalauréat va-t-il changer avec la réforme? Oui, et pas en bien !

Même si la réforme du lycée n'est pas encore dévoilée pour le cycle « terminale », on peut apporter des éléments de réponse à cette question. En effet, au vue de la semestrialisation des options, il est difficile de concevoir une autre solution que le contrôle continu étant donné qu'il serait très compliqué d'organiser un examen tel que se déroule le bac actuellement, en contrôle terminal à la fin de chaque semestre. D’autant plus que cela augmenterait les coûts alors que tout est fait pour que l’Etat dépense de moins en moins pour notre éducation !
En outre, qui dit « lycée light » dit « bac light » (cf. point 2 de l’argumentaire).

5) Quelle est la position de la FIDL sur cette réforme? Retrait !

La FIDL est pour une réforme qui changerait le lycée dans le but de l'améliorer et de former de manière plus adéquate et efficace la France de demain.
Ce que nous déplorons aujourd'hui sont de manière générale les motivations économiques du ministre pour la construction d'un nouveau lycée.
Nous déplorons également le manque de prise en considération des revendications lycéennes du printemps dernier ainsi que lors des discussions où la FIDL a été conviée. Le ministère ne fait pas une réforme pour améliorer le lycée. Il fait une réforme pour réaliser des économies budgétaires. Le ministère ne fait pas une réforme en lien avec la communauté éducative (lycéens, enseignants, parents d’élèves,…) mais contre cette communauté éducative.
Si le ministère était dans une position d’écoute, il aurait fait une toute autre réforme, en partant des problèmes rencontrés par le lycée et par les lycéens : réforme des rythmes scolaires, investissement dans les lycées les plus dégradés, stabilisation des équipes pédagogiques, éveil des lycéens à une plus grande citoyenneté. Le ministère, qui se targue de s’inspirer dans un esprit d’ouverture et de pragmatisme de modèles étrangers, aurait même trouvé sur ces questions des exemples utiles chez nos voisins européens !
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