11h45, fin d'une manifestation peu suivie sur Angoulême, on se retrouve entre 4 lycéens à boire un café dans un salon de thé. Discussion des nouvelles actions à faire, on part sur un projet d'actions symboliques de masse. Envie d'agir, on réfléchit à un mode d'action pour le soir même. L'idée d'une manifestation nocturne nous botte pas mal, on part sur cette proposition.
Le rendez-vous était fixé à 22h devant les Halles !
Ni une, ni deux, j'arrive chez moi, j'envoie un mail de masse aux différentes listes de diffusion que j'ai. Quelques réponses me reviennent, mais souvent on me signale une info donnée trop tardivement ! Ou est la spontanéité d'antan ?
Dans l'après-midi, on discute avec les différents membres du CAL, et on remarque que peu de gens pourront être présent, donc on abandonne l'idée de manifestation et on transforme ça en marche funèbre !
Direction Casa pour acheter un bon paquet de bougie. L'organisation était fixée, on se retrouve devant les Halles, et on fait une marche dans toutes les rues des bars et des restaurants les uns derrières les autres, une bougie à la main, la tête baissée, avec une pancarte autour de mon cou « Education en deuil ».
On part à 5 du QG pour se diriger vers les Halles. Les gens qui étaient censés venir ne viennent pas. On attend jusqu'à 22h30 et au final on part à 8 des Halles.
En partant, un jeune vient m'interpeller en me demandant s’il pouvait souffler sur ma bougie. Arrive un dialogue croustillant avec ce type, je lui réponds naturellement non, me demande si je suis sur, me demande le pourquoi de notre agissement, je lui balance donc toutes nos revendications, et puis il termine par : « d'accord...bon courage alors ». Il n'a pas cherché à en savoir plus !
On était donc 8 joyeux lurons sur la route. 3 étudiants, deux lycéens, trois profs. Premiers étonnement de la population d'Angoulême qu'il ne faut surtout pas déranger lorsqu'ils boivent leur verre adossé à leur comptoir !
Premier restau', un couple en tête a tête trouve ça bien, hop, ils ont gagné une bougie, ça permettra de créer un fil conducteur dans la ville !
On continue, on aperçoit pas mal de foutage de gueule, c'était prévisible, la droite était de sortie ce soir là !
Devant un des bars, on croise un type, bien propre sur lui, qui parle bien fort à son pote d'à coté. « Tu vois ça ? Tu vois ? C'est des syndicalistes de merde ». Ça dit bien ce que ça veut dire, un regard méchant, s’il avait pu nous cracher dessus, il l'aurait fait !
5 mètres plus loin on nous applaudi, ça fait plaisir et ça donne envie de continuer. Au fur et à mesure, on distribue des bougies aux intéressés, certains entrain de manger par exemple.
Petit détour par des rues peu fréquentées, pour repartir dans une autre rue remplie de bars. Encore et toujours des étonnements, mais moins de foutage de gueule dans cette rue !
On nous avait signalé un « grand » (adjectif à prendre avec des pincettes, on est tout de même à Angoulême, ne l'oublions pas !) rassemblement au champ-de-mars, La Roller-night ! (pour les moins anglais d'entre nous, on pourrait traduire ça par « la nuit du roller », nuit qui se termine à minuit chez les charentais !).
Bref, on s'y dirige donc en passant par la grande rue piétonne, la rue Hergé (ouais ouais le pote de Mussolini, et accessoirement auteur de tintin). En chemin on rencontre une fille (de 10 ans, qui en connaissait plus sur les suppressions de postes que la majorité des jeunes de notre âge), accompagnée de sa mère, et cette mère accompagnée de sa mère qui était prof de lettre en lycée. Après un peu d'hésitation, ils se joignent à nous !
Un peu plus loin on rencontre deux jeunes qui se joignent à nous également. Au final on sera une petite vingtaine.
Sur le chemin, on décide qu'après le champ-de-mars on se dirigera vers l'inspection académique et qu'on déposera les bougies et la banderole devant.
Arrivée au champ-de-mars ! Personne ... On s'attarde pas plus que ça, on se dirige comme prévu vers l'inspection académique, en passant devant le « gros » (ouais ouais on est à Angoulême comme je vous l'ai dit) bar concert, pleins de gens bourrés, on redistribue des bougies, ça fait plaisir d'être applaudis !
L'inspection académique est devant nous, ses grandes grilles la protégeant sont dressées face à nous, tel un dragon gardant une princesse ! A l'aide de cire on fixe les bougies sur le mur, on accroche la pancarte « éducation en deuil » sur la grille, on joint une petite fleur pour les gens qui vont retirer tout ça, et le tour est joué !
Oubli d'appareil photo, on prend avec nos portables, c'est pas top mais ça fera l'affaire !
En rentrant on croise la photographe de sud-ouest (journal), on lui dit qu'une belle photo est à prendre devant l'inspection académique, mais son appareil l'a lâché dans l'après midi, paix à son âme. En tout cas ils nous ont promis un petit article dans le journal de lundi !
Retour au bercail donc, cette marche, totalement improvisée, fut une réussite pour nous !
Les actions symboliques de masse ont commencé ... on ne va pas s'arrêter là !
L'idéal serait que cette idée soit reprise un peu partout en France. Comme quoi, même à 10-20 on arrive à faire des actions pertinentes. 3,50€ pour 14 bougies à CASA (ya moyen de trouver moins cher j'pense) et le tour est joué ! Faites vous plaisir, et sortez de l'ordinaire !