Dossier sur le Bac Unique

© CRAP Cahiers pédagogiques

[u][b]Revue de presse du vendredi 14 septembre 2007[/b][/u]


“ Vers une réforme profonde du baccalauréat””, on trouve ce titre à la Une de plusieurs journaux. Cela fait suite aux déclarations de Xavier Darcos, jeudi 13 septembre, au micro de RMC . A la question "pourquoi pas une filière commune, un seul bac avec des options ?", M. Darcos a répondu : "C’est une orientation qui mérite d’être retenue. On a le droit de parler de tout".
On peut s’interroger sur les motivations du Ministre à construire un “Bac unique”, derrière les déclarations sur le rééquilibrage des filières, il y a surtout des raisons économiques. Un bac avec un fort tronc commun coûterait moins cher en heures d’enseignement qu’une organisation en séries. On trouvait déjà cette hypothèse dans l’audit de modernisation sur la grille horaire des enseignements au lycée de décembre 2006 . Ce rapport conjoint de l’inspection des finances et de l’IG de l’Éducation Nationale, que j’invite tout le monde à lire attentivement, contient en germe toutes les probables réformes menées au nom de la modernisation et des économies budgétaires (même si on y mettra un habillage pédagogique).
Toujours à propos de ce projet de ”Bac Unique”, il est piquant de constater que ce projet est évoqué alors qu’on souhaite avec des arguments inverses supprimer le “Collège unique”... !

Que penser de ce projet ?
Les premières réactions sont plutôt méfiantes. Fartide Hamana, président de la FCPE déclare dans Le Nouvel Obs.com que “La solution est de mieux diversifier les filières générales et leur donner un profil qui leur permet de mieux s’orienter. Si le gouvernement veut s’attaquer à la réforme du baccalauréat, il faudrait plutôt qu’il réfléchisse à l’élargissement du champ des filières générales. Par exemple, la filière scientifique draine beaucoup d’élèves qui ne veulent pas, une fois le bac obtenu, s’investir dans une formation supérieure scientifique. ”
Sylvain David, président de l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES) (“mon président” !) réagit dans les colonnes de Libération et montre bien les enjeux : “ Je crois que le ministre a deux soucis en tête. Il veut être celui qui va relancer la voie littéraire, en plein déclin, ensuite il veut respecter la contrainte budgétaire qui lui est imposée. Notre crainte est que tout cela débouche sur une réduction de l’offre de formation.”.
Roland Hubert, co-secrétaire général du SNES-FSU rappelle toujours dans Libération que tout cela , « Ça ne peut pas se faire sans qu’on en ait parlé très longtemps auparavant avec nos collègues.”
Dans le Nouvel Observateur la journaliste Véronique Radier, tente de mettre ce projet en perspective. Elle rappelle que “nous sommes l’un des rares pays développés à ce jour qui persiste à pratiquer une sélection aussi forte avant l’âge de 18 ans. Les Etats-Unis, les pays nordiques, le Canada et bien d’autres préfèrent laisser un peu le temps à leurs ados de mûrir et de se révéler avant des les enfermer dans une voie définitive, nous les trions sans recours dès leurs quinze ou seize ans. Sous couvert d’orientation, s’opère une féroce sélection entre les lycéens.”.
Et elle conclut en considérant que ce changement serait éventuellement salutaire “A condition de le remplacer par un bac unique qui ne soit plus la chasse gardée des enfants de cadres et donne accès à toutes les filières, sans tri social. Rêvons un peu...”

Bonne Lecture...