J'étais dedans, je confirme tout ce qui est dit dans ce temoignage.
Source : indymedia.
Je reviens de Denfert-Rochereau. Après une manif étudiante/lycéenne,ou nous avons été tout du long, escortés par des policiers en si-vils, nous sommes sur notre faim tellement le parcours est pourri ( : plus "excusez nous de manifester, on voudrait pas déranger" tu meurs). Sur la place, l’Unef/Unl/Fidl (syndicats de moutons) tournent a gauche. Un "tous au sénat" est lancé. Un mouvement se met en marche. Nous tournons à droite. Nous pénétrons dans une rue, que nous savons bouclée par les CRS, en tortues ninjas (ils ont bouché toutes les rues). Arrivés devant eux, nous scandons des "polices partout, justice nulle part", et autres slogans. Quelques fumigènes roses, mais aucune action violente de la part des manifestants. L’ambiance n’est pas à la provocation pure et dure, certains chantent. Du coin de l’oeil je repère les si-vils, regroupés sur le coté, rabattant leurs capuches, enfilant leurs gants. Ils se préparent.Tension. Nous prévenons les gens autour de nous. La sirène des camions de crs se met en marche, quelques personnes se dispersent, mais la foule reste campée sur ses positions. Je recule avec ma tante et ma cousine. Les si-vils se retirent vers l’arrière. Ma mere m’appelle, il faut que j’aille la retrouver. Je laisse en arrière ma famille, et retourne vers la place. Je crois quelques jeunes personnes, je leur dit qu’il faut se tenir pret, les flics ont enfilé leur brassards oranges. "Mais on fait quoi ? Les darons ils sont devant, on va pas se défiler." Je rejoins ma mère hors de la rue. Je sens la tension monter d’un cran. Des gens prets de la place sifflent, et crient aux autres dans la rue de reculer, de revenir. Je me retourne. Le piège : Les crs ferment la rue. En deux rangs, un face aux manifestants encerclés, bouclés, les autres face à nous. Nous huons, crions, de laisser sortir les manifestants "laissez les passer". Les gens restent solidaires, collés aux Crs, ils hurlent. Les manifestants coincés, qui remontaient la rue, se font prendre au piège. Certains passent, d’autres sont filtrés au compte goutte sur le coté. Les crs en bas de la rue remontent. Les manifestants lèvent les bras, en signe de rédition, ils ne sont pas là pour se faire cogner dessus. Ma tante et ma cousine sont toujours à l’intérieur du "carré magique". Je hurle, nous hurlons tous "laissez les sortir". Un mouvement de foule sur le coté droit, je vois des matraques se lever, des gens s’écarter,des manifestants s’interposer, un homme tomber. Je me souviens mal. Ça se calme rapidement, mais on sent que c’est là. J’ai peur. On a tous peur. Ma tante et ma cousine ont réussi a sortir, on les retrouve. Ma tante nous raconte qu’elle s’est fait poussée par un mouvement de foule, s’est retrouvée collée a un CRS, ma cousine l’a chopée, elle aurait pu se ramasser un coup. Elles me racontent que des jeunes filles ont voulu passer : l’une d’elle faisait une crise d’asthme. "On a que 15 ans, on est pacifistes, ma copine a de l’asthme". Le Crs a refusé, mais a eut l’air troublé. Tant mieux. Qu’ils éprouvent un peu de remord,ces enfoirés, ça ne serait que piètre justice. Nous retrouvons ces filles, nous les conseillons, ma mere lui file sa ventoline. Elles sont terrifiées. Des gens sont encore pris au piège. Les autres sont devant les CRS. Autour de la place, je vois les camions et les CRS se mettre en marche. UN nombre disproportionné par rapport au nombre de manifestants. Ils se casquent, s’arment. On prévient les gens autour. Des militants guident les jeunes choqués vers le métro, la seule issue. C’était violent. Sans y avoir de grands blessés, je ne suis pas restée assez pour le savoir. Mais c’était violent, l’ambiance de terreur qu’ils instaurent. Violence physique, parce que leur seule présence est une provocation en soit. Ils sont sur-équipés, matraques, tiges, boucliers, casques (et armes),protections, face à des manifestants qui n’ont que des banderoles et leurs écharpes par précaution. Et puis une putain de violence psychologique. Une fois dans le métro, j’ai chialé. Pression, choc, peur. Mais surtout colère. Tout ça je le savais. Mais le voir en vrai, c’est juste écoeurant. Et terrifiant. Je ne dis rien de mes convictions qui vont de paire avec ma colère, juste un compte rendu de ce que j’ai vu.
ps : pour ma part je n’en reste pas là. On ne peut plus laisser passer ça. Je ne pense pas être la seule à ne plus supporter cet Etat policier, fachiste et despotique à la solde de la classe dominante. Une preuve marquante : on ne nous laisse pas accéder au Sénat, une institution qui ne nous appartient plus.
L, étudiante