J'ai préparé un petit tract, en tant que non titulaire, pour demain. J'en distribuerai quelques dizaines:
Des professeurs que l'on jette à la rue. Par un professeur contractuel jeté à la rue
après 22 contrats pendant 5 ans d'exercice.
Non remplacement d'un fonctionnaire sur deux. Sa politique, le gouvernement l'avait pourtant annoncée sans détours : son « plan de relance » ne consiste pas comme celui de Chirac en 1975 à embaucher des fonctionnaires mais à en supprimer à tour de bras pour donner des milliards aux banques et aux patrons, en plus de tous leurs cadeaux fiscaux.
Avec un autisme phénoménal, c'est cette politique qu'il a appliquée depuis plusieurs années avec les résultats que l'on connait tant au niveau de l'Éducation Nationale qu'au niveau de la société en général.
Entre 2009 et 2007, selon l'Insee, les effectifs des professeurs de l'enseignement public (primaire et secondaire) sont passés de 838 177 à 798 742 soit 39 435 suppressions de postes en deux ans.
Il faut noter que ces chiffres sont sujet à caution. L'Insee recense les enseignants suivant leur statut (agrégé, certifié, PLP, PEGC, stagiaire) mais les non titulaires sont oubliés. Certains sont « assimilés » aux certifiés et recensés avec eux, d'autres ne sont pas comptabilisés : les vacataires et les contractuels qui n'étaient pas en poste au 31 janvier.
Leur licenciement est invisible dans ces chiffres mais correspond sur le terrain à des professeurs que l'on jette à la rue. La titularisation annoncée par Sarkozy en janvier n'est que de la poudre aux yeux, ou peut-être même une provocation pour exciter un ressentiment de la part des collègues titulaires ou des étudiants des IUFM et des masters à leur encontre.
En effet, si la politique du gouvernement était de baisser le nombre de postes aux concours pour enclencher un plan de titularisation, il y aurait déjà de quoi régulariser à peu près tout le monde depuis longtemps!
La piste de réflexion est intéressante et mériterait d'être étudiée mais pour l'instant personne (exceptés quelques lauréats des concours) n'est titularisé et, au contraire, 16 000 nouvelles suppressions de postes sont programmées! Parallèlement, le nombre des collégiens augmente: +16 300 cette année.
Il se pourrait que ces suppressions de poste s'accompagnent, en plus, à la rentrée d'une vague de licenciements (non renouvellements de contrat) chez les professeurs non titulaires. En effet, l'année prochaine, les stagiaires (nouveaux lauréats des concours) assureront 18h au lieu de 9h et occuperont prioritairement tous les postes de 18h libérés, le reste: les postes à cheval sur plusieurs établissements devraient être occupés par les titulaires en mouvement et les TZR. Les heures sup et les temps partiels imposés devraient se multiplier encore un peu plus. Et en janvier doit arriver par dessus tout ça, les stagiaires des masters... Et, cerise sur le gâteau, Châtel appelle des retraités et des étudiants pour les remplacements courts.
Les syndicats ne défendent pas les non titulaires dans les commissions paritaires, ils risquent donc fort de se retrouver à la rue à la rentrée. Tout cela semble bien irréel. Il est totalement absurde d'infliger une telle politique à une école dans laquelle des faits divers à répétition pointent les problèmes de violence et de gestion des élèves qu'il est de plus en plus difficile à nier en ayant l'air à peu près crédible. C'est pourtant ce qui est prévu et cela devrait générer un chaos sans précédent: le pire est à craindre, tant au niveau de la sécurité des élèves et des professeurs, qu'au niveau de la qualité des enseignements.
http://anarced.over-blog.org/article-des-professeurs-que-l-on-jette-a-la-rue-47111364.html