Et on continue avec la longue liste des répréssions sans sommation...
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Violences policières à l'Ecole Supérieure de Commerce de Toulouse : le témoignage d'une étudiante
Par Poolp3 le samedi 14 mars 2009, 12:55 - Répression(s)
- Lien permanent
Poolp a eu connaissance de ce témoignage, transmis par une enseignante :
Bonjour,
Je
m'appelle ..., et je suis étudiante au Mirail à Toulouse. Dans le cadre
de la lutte contre la loi LRU (qui dure déjà depuis plus d'un mois dans
certains établissements), j'ai participé cet après-midi à une action
pour que les étudiants puissent se faire entendre du gouvernement qui
reste sourd à nos manifestations.
Cette action, organisée par les 3
facs de Toulouse (Mirail, Paul Sabatier et l'Arsenal) était
théoriquement pacifiste. Nous nous sommes donné rdv au métro Compans
Caffarelli en petits groupes de 6 à 8 pour passer inaperçus.
A
l'heure dite, nous nous sommes dirigés vers l'Ecole de Commerce pour
investir ses locaux du rez-de-chaussée. Bien qu'il soit illégal
d'investir ainsi un lieu, nous étions tous dotés d'une volonté
pacifiste. Nous nous sommes assis sur le sol, nous étions une grosse
centaine. Des porte-parole des coordinations étudiantes se sont
exprimés au porte-voix pour faire valoir nos revendications. J'étais
pour ma part assise au milieu.
Après environ 10 minutes de sitting
toujours calme, un membre de la sécurité de l'établissement est venu
pour nous dire : "Il faut que vous partiez, la BAC* va arriver". A
peine a-t-il fini sa phrase que j'ai vu tous les gens devant moi se
lever en catastrophe et mettre leurs écharpes (pour ceux qui en
avaient) devant leurs visages : les grenades lacrymogènes avaient été
lancées...
*Note Poolp : BAC = Brigade Anti-Criminalité (sans commentaire)
Je n'ai pour ma part pas compris tout de suite, j'ai eu le réflexe de
suivre le mouvement. Nous nous sommes tous tassés vers l'arrière, et
certains d'entre nous ont commencé à se ruer vers la seule ouverture
non condamnée : une fenêtre où l'on ne pouvait passer qu'à un à la
fois. C'a été la ruée.
Je commençais à avoir mal aux yeux, je
suffoquais et, la peur aidant j'ai très vite eu d'énormes difficultés à
respirer. Au moment où je pensais m'évanouir par manque d'air,
quelqu'un a crié qu'une porte ouverte donnait sur la sortie. Tenant mes
amis par la main, nous nous sommes précipités dehors, où nous avons
commencé à reprendre notre respiration. Heureusement, des membres du
comité de lutte avaient du sérum physiologique (on n'est jamais trop
prudent). Pour moi qui ai des lentilles, mes yeux étaient en feu.
Nous
étions tous regroupés derrière les bâtiments, encore choqués et écoeuré
de cette violence injustifiée. Là, j'ai vu les forces de l'ordre
(anciennement gardiens de la paix, soit dit en passant). Il étaient un
certain nombre, certains en uniforme et d'autres en civil. Nous avons
formé une chaîne humaine tassée et compacte au cas où ils nous
chargeraient. J'étais au fond, à deux rangs de la BAC. Nous avons
avancé doucement pour essayer de nous sortir de ce guêpier.
Nous
avons mis environ une heure pour rejoindre la fac de l'Arsenal, située
à 10 minutes à pieds à allure normale. Les agents en civils étaient
derrière nous, nous poussant à avancer, l'oeil menaçant. J'en ai
entendu certains essayer de provoquer les étudiants juste devant eux,
qui ont eu le bon goût de ne pas répondre.
Arrivés à l'Arsenal, nous
avons fait une assemblée générale pour faire le point sur la situation.
Nous y avons appris qu'un étudiant (un seul semblerait-il) avait été
frappé au tibia avant que quelqu'un ne l'aide à s'en aller. Pour ma
part, je n'ai pas vu les forces de l'ordre frapper, ma panique était
bien trop forte. La BAC a assisté à notre AG, sans se gêner.
J'ai
conscience que notre acte été illégal, mais le plus grave me semble que
la BAC n'a PAS FAIT DE SOMMATION avant d'envoyer les lacrymogènes. Il
s'agit bien entendu d'un vice de procédure.
Alors voilà, c'était ma
première action depuis deux ans que je suis à la fac, et ce ne sera pas
la dernière. Cette agressivité envers des étudiants pacifistes est très
révélatrice de ce qu'on attend de nous : nous taire et regarder
l'intégralité du système scolaire s'effondrer. Pourtant, une seule
sommation de la part de la BAC nous aurait poussés à sortir, nous ne
sommes pas dangereux ni suicidaires.
J'ai eu de la chance, je n'ai pas été frappée et j'étais malgré tout à une certaine distance des lacrymo.
Voilà
une heure que je regarde les informations régionales, on n'a bien
évidemment pas parlé de nous. Alors le seul moyen qui nous reste pour
faire savoir ce qu'il s'est passé, c'est internet.
Si vous aussi êtes choqués par cette violence inutile et injustifée, merci de faire passer ce [message...]
Merci.