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 Le vrai message de la droite aux manifestants : "pauvres gueux"

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Masculin Nombre de messages : 9064
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MessageSujet: Le vrai message de la droite aux manifestants : "pauvres gueux"   Le vrai message de la droite aux manifestants : "pauvres gueux" Icon_minitimeJeu 5 Fév - 19:54

Sarkozy parle à la télé et caresse l'électeur dans le sens du poil, mais le vrai discours de la droite décomplexée, la voici :

Citation :
Dépression nerveuse

Notre opinion
François d'Orcival, de l'Institut, le 29-01-2009

Ils frappent les buissons pour en chasser les esprits malins, tendent un poing vengeur vers le ciel et les éléments déchaînés, à la fois impuissants et désespérés. Ils manifestent contre la tempête, et comme ils savent qu’ils n’y peuvent rien, ils s’en prennent au chef de l’État. Là, ils se retrou­vent en terrain familier. Censure et obstruction à l’Assemblée (Martine Aubry, François Bayrou), grèves dans la fonction publique, défilés sur les boulevards tous syndicats confondus, gangrenés par les mouvements sectaires.


En avant pour la lutte des classes, haro sur les patrons et la “droite complice” ; revoici le face-à-face entre Nicolas Sarkozy et le délégué syndical cheminot dans un dépôt de la SNCF : « Tout ça se terminera dans la rue, on vous fera plier comme les autres. » Ils sont en effet, une fois de plus, dans la rue, mais pour faire capituler Sarkozy sur quoi ? Sur quel texte ?

Ce n’est tout de même pas au nom de la réforme mythique de la classe de seconde que l’on paralyse un pays. Alors, sur quoi ? Les hausses de sa­laires, des allocations, de la prime pour l’emploi ? Pouvoir d’achat, pouvoir d’achat, scande la foule qui défile, attendant sans doute du gouvernement qu’il lui distribue des bons d’achat.

Ce n’est pas parce que cela paraît absurde et hors du temps – le fait de réclamer des hausses de sa­laires à l’État ou aux entreprises en pleine crise quand les commandes baissent et que le chômage reprend – qu’il ne faut pas en chercher l’explication. Une partie de l’opinion publique est frappée de dépression nerveuse, stressée d’un côté par les mauvaises nouvelles qu’on lui assène chaque jour, chômage technique, plans sociaux, effondrement de la Bourse, et ahurie de l’autre par cette pluie de milliards qui semble arroser les banques, les PME, l’automobile, etc. Que le chef de l’exécutif et chaque membre du gouvernement fassent de leur mieux pour expliquer que cet argent ne tombe pas du ciel, qu’il s’agit de garanties, de cautions, d’emprunts, que toutes ces aides sont payantes et qu’il faut bien sauver les banques ou l’industrie, rien n’y fait : le salarié moyen, et notamment celui de la fonction publique dont l’emploi est pourtant garanti à vie, réclame son milliard – au nom de l’égalité : pourquoi eux et pas moi ? Les responsables politiques ne peuvent pas en être surpris ; ils savaient qu’ils couraient le risque de voir se multiplier les revendications à cause de ces milliards, mais le risque était inévitable puisqu’ils ne pouvaient pas rester les bras ballants devant la crise. On en a les dégâts dans l’opinion.

À cela s’ajoute un second motif, conséquence du premier. Depuis le mois de septembre, les politiques, tous les dirigeants de la planète et pas seulement Nicolas Sarkozy, ont repris la main sur les affaires économiques de leurs pays respectifs dans l’idée de parer à la récession en “refondant le capitalisme”. La main invisible du marché s’est effacée devant la main ultravisible de l’État. C’est ce que l’on appelle le retour de Keynes, le diri­gisme de crise. Celle qui croyait pou­voir résister à la vague au nom de l’orthodoxie, Angela Merkel, la chan­celière allemande, a dû elle aussi, pour cause d’élections prochaines, se résoudre à mettre 50 milliards sur la table. Ainsi, qu’il s’agisse de l’économie mondiale ou des institutions supranationales, européennes ou autres, tout est re­passé­ sous la responsabilité directe des États nationaux. Au moins Nicolas Sarkozy affiche-t-il clairement son rôle quand il dit courageusement : « J’as­sume. » Mais du coup, tout le désigne et ­remonte vers lui puisqu’il est le premier responsable.

Si les syndicats étaient conséquents avec eux-mêmes, ils manifesteraient devant le Capitole, à Washington, puisque la tempête est partie de là et qu’elle pourra s’y éteindre. Le grand mouvement d’émotion qui a accueilli l’arrivée de Barack Obama ne s’est pas encore traduit par un choc de confiance : depuis son élection, les valeurs industrielles américaines ont perdu 17 %… C’est pourtant l’économie américaine qui donnera le signal de la ­reprise. Mais quand ? Personne ne le sait. Alors, en attendant, que faire ? On ne bouge plus, on fait le mort ? Nicolas Sarkozy et François Fillon partagent une certitude : malgré la dépression d’une partie de l’opinion, ils ne peuvent pas faire l’économie de la poursuite de la réforme de la gestion du pays si l’on veut rebondir demain. « On me dit que ce n’est pas le moment, mais ce n’est jamais le moment ! », lance Nicolas Sarkozy. Celui-ci méditera le mot de Machiavel (dans son Discours sur la dixième dé­cade de Tite Live) : « si le fait l’accuse, le résultat l’excuse », en espérant bien que son obstination finira par payer.

>> http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=4019
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