Analyse - pourquoi les IUT se mobilisent

Voici un document intéressant, trouvé sur médiapart, qui explique pourquoi les 116 IUT se mobilisent actuellement contre leur suppression programmée :

Citation :

Débrayage national dans tous les IUT
25 nov 2008Par Jean-Louis Legalery

2008 avait commencé par une célébration, puisqu'en mars, les 116 Instituts Universitaires de Technologie de France, forts de leurs 145.000 étudiants, ont fêté leur 40ème anniversaire. Mais cette fin d'année est totalement différente, et, à la joie des quarante ans d'existence a succédé la vive inquiétude que suscite la LRU, loi relative à la responsabilité des universités, initiée par la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse.

En ce mardi 25 novembre 2008, tous les IUT de France ont interrompu leurs activités entre 10h et midi pour tenir des assemblées générales, inviter les medias et alerter l'opinion publique et les élus sur la menace qui pèse désormais lourdement sur l'avenir des IUT. Cette légitime inquiétude est engendrée par le contenu de la LRU qui prévoit de donner l'autonomie aux universités. Or si cette idée n'est pas nécessairement dénuée d'intérêt, dans la mesure où les moyens budgétaires suivent, de façon cohérente, le mouvement de décentralisation, elle jette néanmoins une ombre considérable sur le devenir des IUT, qui, depuis 1968, année de leur création dans tout l'hexagone, ont leur propre indépendance financière.

Rappelons que les IUT ont été créés pour fournir une formation supérieure courte et professionnalisante aux post-bacheliers désireux d'entrer dans la vie active, avec un diplôme universitaire, au terme d'une formation de deux ans. Quarante ans après, les IUT sont toujours très appréciés, puisque 96% des chefs d'entreprise considèrent que l'adéquation entre enseignement et réalité professionnelle est excellente. De plus les IUT ont acquis, au fil du temps, une mission de ré-insertion pour des étudiants et des étudiantes, issus de milieux modestes et en mal de confiance, qui, une fois leur DUT, Diplôme Universitaire de Technologie, en poche, continuent leur cheminement dans les autres composantes de l'Université. Cette originalité alliée à une autonomie budgétaire non négligeable a fait des IUT un bastion à succès de l'Université française.

Cette spécificité serait noyée et anéantie si le projet actuel venait à terme et chaque IUT se verrait intégré dans le budget de son université locale. C'est un des paradoxes du pouvoir actuel que de détruire ce qui fonctionne bien, tout en tenant un double discours, puisque Valérie Pécresse a affirmé à l'ADIUT, l'association des directeurs d'IUT, que le caractère spécifique des IUT ne disparaîtrait pas. Cependant, on voit mal comment spécificité et intégration peuvent aller ensemble, et ces promesses rappellent fâcheusement l'attitude et les propos de Claude Allègre, qui promettait de faire de chaque élève, du primaire au secondaire, un authentique européen bilingue français-anglais, tout en supprimant une heure et demie d'enseignement de l'anglais de la seconde à la terminale.

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