En colère et très inquiet, par Xavier JANDOT DIT DANJOU.
Pour
la première fois de ma carrière d'enseignant (quatorze ans
d'ancienneté),
je ferai grève à la rentrée. Pourquoi ? D'abord parce
que ces nouveaux programmes, loin d'organiser une refonte en mettant
l'accent sur les fondamentaux (c'était déjà le cas avant !), vont
véritablement mettre les élèves en difficulté. Ils prévoient des
compétences à acquérir par classe d'âge au-delà de leurs capacités. A
quels conseillers le ministère s'est-il adressé pour pondre des
inepties pareilles ? Certainement pas à des psycho-pédagogues, des
orthophonistes, des spécialistes de la pédagogie, et pas davantage aux
enseignants que nous sommes (la consultation nationale a été une
gigantesque supercherie !!!), qui tous dénoncent un projet inadapté et
vide de sens pour les élèves dont on veut faire des perroquets et non
des apprenants.
Ensuite, si les deux heures hebdomadaires consacrées aux aides
personnalisées me semblent une bonne idée dans le principe, elles se
heurtent à des réalités de terrain : cela aurait mérité d'être réfléchi
en concertation et non dans la précipitation. La France a déjà le taux
horaire quotidien d'enseignement le plus élevé d'Europe : on va donc
rajouter chaque jour trente à quarante-cinq minutes pour des élèves qui
saturent déjà ? Qu'en est-il des familles qui devront s'adapter à des
horaires d'entrée et de sortie différents selon que leurs enfants sont
en difficulté ou pas ? Quand aux enseignants qui assuraient les études
le soir, ils ne pourront plus le faire, donc travailleront plus pour
gagner moins...
- Un cadeau aux bobos parisiens, par Robert Baroque.
Ce
samedi libéré est un cadeau aux bobos parisiens à l'heure des TGV, qui
permet des week-ends à l'autre bout du pays. Ce ne sont pas les pauvres
enfants qui ont déjà eu six heures de cours plus la cantine scolaire
(dans un bruit horrible) plus la garderie avant huit heures qui vont
par magie se mettre à tout comprendre à dix-sept heures le soir !!
- Beaucoup de bruit pour rien ?, par Joan BLAIN.
1)
La semaine de quatre jours (vingt-quatre heures) n'est pas une
nouveauté. En ce qui concerne le département où j'exerce (le Cher), la
totalité des écoles, à l'exception de celles de centre-ville, la
pratiquait déjà depuis plusieurs années. Les heures dégagées étaient
récupérées pendant les vacances scolaires ou les mercredis du mois de
mai. Du coup, très peu de changements dans notre pratique quotidienne
de classe.
2) Les programmes : ils ne diffèrent finalement pas tant que ça
de ce qui était pratiqué. Quelques précisions (injonctions ?) ou
ajouts, une plus grande lisibilité pour les parents, éventuellement
moins de travail pour les enseignants, les progressions étant déjà
déterminées. A noter toutefois des horaires différents (histoire/géo
en particulier : moins d'heures, autant de contenu).
3) Les stages de soutien : difficile d'en mesurer la portée pour
l'instant. Beaucoup de critiques pourraient être formulées (en
particulier en ce qui concerne l'organisation, et en tant que
directeur, je sais de quoi je parle).
4) Les deux heures de
soutien : certainement une idée intéressante, reste à voir comment elle
sera appliqué (et là, la participation effective des enseignants sera
primordiale).
En tout état de cause, et à mon humble avis de directeur d'école
rurale, une enième réforme des programmes ne changera finalement pas
grand chose. L'école n'est plus comme le rêve notre inconscient
collectif. Un public différent, une réalité sociale et économique
différente : une école différente.
- Apprendre plus en moins de temps ..., par Julien Licoupeille.
Tout est dit :
plus de choses à voir en Français et en maths, de nouvelles matières, le tout en deux heures de moins par semaine !!!
Qui peut résoudre cette équation impossible ? Enfin, quand cessera-t-on cette mascarade des stages de
"remise à niveau"? Le nom est une aberration qui laisse croire aux parents que leur
bambin sera au même niveau que les autres ... Hyprocrisie ! Qu'on nous
donne les moyens de travailler en petits groupes et qu'on arrête de
surcharger les classes ! Je connais des classes de CM1-CM2 à plus de
trente élèves ! Comment peut-on s'occuper des élèves dans de telles
conditions ?
- Le programme me rattrape, enfin !, par leon.
A
priori, il ne faudra plus se lever que quatre jours dans la semaine,
chouette et re-chouette ! Le passage de vingt-six à vingt-quatre heures
hebdomadaires n'est qu'un détail, si l'opinion savait les centaines
d'heures perdues annuellement en indiscipline, elle ne se soucierait
guère de ces 2 heures en moins : que les élèves apprennent déjà
correctement pendant les vingt-quatre heures restantes !! Les nouveaux
programmes ont pour souci de se centrer sur l'essentiel : les maths et
le français ; l'école s'est en effet trop dispersée dans des
apprentissages futiles tandis que le niveau de nos élèves en lecture et
orthographe (pour ne citer qu'eux) devient proprement scandaleux. Alors
oui, je suis pour ce recentrage sur les FONDAMENTAUX. Personnellement,
j'insistais dessus depuis toujours et ce au détriment du reste, et je
le revendique ; mon enseignement restera donc inchangé, c'est juste le
programme qui me rattrape, enfin ! Et puis honnêtement, pour avoir
épluché les nouveaux programmes en français, on ne peut pas crier à la
révolution non plus ! Mais c'est vrai, les enseignants préfèrent
descendre dans la rue pour faire retirer le passé antérieur plutôt que
défendre notre autorité traînée dans la boue. Enfin, le soutien
personnalisé est l'unique occasion de travailler en relation
privilégiée avec l'enfant, dans le cadre de très petits groupes, ce que
la classe entière ne permet jamais, c'est donc une autre très bonne
chose.
- La rentrée sera une belle pagaille, par Jacques BEAUDOIN.
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