Commission Pochard : On nous MENT
La loi « Libertés et Responsabilité s des Universités » (LRU), votée le 10 août 2007, sous couvert de conférer la sacro-sainte Autonomie aux Universités, prépare en réalité le démantèlement du service public d’enseignement supérieur. On sait l’ampleur du mouvement qu’elle a suscité et qui réclame son abrogation.
Pendant ce temps, une commission se réunit dans les salons dorés de la République : la commission Pochard. Que prépare-t-elle ? Rien de moins que l’« autonomie » des établissements scolaires.
Nous allons voir qu’elle suit une logique en tous points identiques à celle mise en œuvre pour la LRU. Tout d’abord les deux premiers paragraphes sont communs à toutes les lettres de missions destinées aux différents ministres, y compris à Valérie Pécresse.
Le résultat de l’élection présidentielle y est en quelque sorte présenté comme un référendum anticipé sur toutes les réformes présentes et à venir. Ensuite, le constat est semblable : l’échec en licence est remplacé par « les 20 % des élèves [qui] sortent du système scolaire sans qualification ». Dans les deux lettres, une prétendue « bataille mondiale de l’intelligence » risquerait d’être perdue si tant pour nos établissements scolaires que pour nos Universités, l’objectif de gagner des places dans les tout puissants « classements internationaux » n’était pas rempli. Enfin, quelques citations nous montrent que les modalités sont les mêmes :
- autonomie :
« vous donnerez d'abord à tous les établissements plus de souplesse et d'autonomie, en particulier dans le domaine budgétaire, pour leur permettre de mettre en œuvre, sous le contrôle bien sûr de l'autorité académique, un projet pédagogique qui leur soit propre »
- « orientation active » et mission d’insertion professionnelle :
« nous estimons que tous les élèves, dès la classe de cinquième, devraient suivre un parcours de découverte des différents métiers. Ce sera le rôle d'un nouveau service public de l'orientation, que vous mettrez en place, que d'organiser ce parcours et de donner à chaque famille et à chaque élève des informations pertinentes, fondées sur des évaluations précises et publiques, sur les différentes filières de l'enseignement supérieur et de l'enseignement technique et professionnel. La réussite scolaire, c'est que chaque enfant puisse s'orienter dans une voie qui corresponde à ses projets personnels, à ses talents, aux besoins du marché du travail »
- chantage de l’évaluation :
« Vous garantirez la liberté pédagogique des enseignants, en contrepartie de quoi vous les évaluerez plus régulièrement sur la base des progrès et des résultats de leurs élèves.», « une évaluation régulière des enseignants sur la base des progrès et des résultats de leurs élèves, et non pas sur les méthodes qu'ils utilisent », « une évaluation en profondeur des établissements, qui sera disponible pour les familles ; enfin, une évaluation indépendante et régulière de l'ensemble de notre système éducatif, afin que l'autorité politique puisse en permanence prendre les décisions nécessaires pour garantir la qualité de l'école et sa capacité à répondre aux obligations et aux attentes du monde contemporain »
- mise à mort des concours nationaux (CAPES, AGREG) et des statuts associés :
« La formation des enseignants devra durer cinq ans et sera reconnue par un diplôme de niveau master »
- employer moins d’enseignants pour (peut-être) les payer plus, en individualisant les carrières :
« Nous voulons également que la rémunération des enseignants corresponde mieux à l'importance de leur rôle pour la nation, à court terme en permettant aux enseignants qui veulent travailler plus pour gagner plus de le faire, à moyen terme en conciliant mieux l'évolution des effectifs et l'évolution des rémunérations. Nous souhaitons que le mérite soit reconnu, tant au niveau individuel que collectif. C'est possible tout en étant objectif. Il nous semble naturel que chaque enseignant puisse maîtriser, par son travail, l'évolution de sa carrière et de ses revenus en s'investissant comme il le souhaite dans son métier principal et dans des activités complémentaires. Les obligations de service des enseignants devront tenir compte de cette nouvelle liberté qui leur est offerte. », « l'engagement présidentiel d'embaucher un fonctionnaire pour deux partant à la retraite »
Ainsi, nous pouvons voir que la lettre de mission fixe les questions, mais aussi les réponses à y apporter.
N’attendons pas les conclusions de cette commission (au printemps prochain) et agissons tout de suite, pour que le prix des batailles gagnés il y a bien longtemps ne soit pas réduit à néant!
Dès maintenant, organisons-nous, luttons!
Luttons pour que cette commission n’aboutisse pas! Luttons pour que Jules Ferry ne se soit pas battu en vain! Luttons pour qu’une école libre, laïque et républicaine le reste!
Le 24 Janvier : RASSEMBLEMENT