Le livre vert de la
commission sur la jeunesse, présidée par Martin Hirsch, a été rendu
public le 7 juillet. Il prétend apporter des solutions à l'insertion
des jeunes. En réalité, il va généraliser la précarité dans la jeunesse
et l'ensemble du salariat.
Les jeunes figurent
parmi les premières victimes de la crise. Depuis un an, le chômage des
18-25 ans a augmenté de 32%, pour atteindre 23,5%. C'est presque trois
fois plus que les chiffres touchant les 25-49 ans. Une grande partie
des intérimaires licenciés ces derniers mois étaient des salariés de
moins de 30 ans. Et, à la rentrée, de nombreux jeunes diplômés vont
venir allonger les files d'attente au Pôle emploi.
Face à cette situation
désastreuse, la commission Hirsch propose le doublement des contrats
d'apprentissage d'ici 2015. Déjà, en mars dernier, le gouvernement
annonçait le déblocage de 1,5 milliard d'euros pour l'embauche de
100000 jeunes en contrat d'alternance pendant deux ans. Autrement dit,
l'Etat finance des jobs sous-payés et les entreprises signant le
contrat sont exonérées financièrement. La méthode est classique, mais
efficace. Le développement de l'apprentissage est présenté comme le
moyen de fournir des ressources aux jeunes durant leur formation. Cela
doit être replacé dans le contexte de « professionnalisation » mise en
place ces dernières années, visant à rendre les formations
professionnelles moins qualifiantes, tout en dévalorisant les diplômes.
Autre proposition de
la commission, la création d'une « dotation autonomie » de 4000 euros
maximum, afin d'aider au financement de la recherche du premier emploi.
Cette dotation serait partiellement remboursable, mais nul ne sait dans
quelle proportion. Une éventuelle extension du RSA aux jeunes salariés
de moins de 25 ans est également à l'étude. Selon Martin Hirsch, ce
« RSA jeunes » ne serait pas un véritable RSA, il aurait des
applications différentes dans son contenu et son montant.
Mais là n'est pas la
question. Le RSA fait passer de petits contrats (dix heures par mois)
pour de véritables emplois. Au-delà de deux refus d'offre d'emploi, le
RSA est supprimé et l'allocataire se retrouve sans revenu. Bien que les
moins de 25 ans n'aient pas accès aux allocations chômage, l'extension
du RSA aux jeunes salariés serait un facteur de développement de la
précarité, en généralisant le salariat pauvre et les contrats précaires.
Le livre vert propose
également la mise en place d'un livret d'orientation, afin de
« valoriser les compétences » acquises par les jeunes durant leur
apprentissage: acquisition d'une langue étrangère dans le cadre
familial, stages, rencontres… Les annotations du livret de compétences
risquent fort de constituer un outil de classification des salariés
pour assurer un suivi par l'employeur. Là encore, il s'agit de
dévaloriser les diplômes reconnus par les conventions collectives, en
contournant celles-ci.
Le gouvernement veut
aller vite. Une loi de programmation et d'orientation pour la jeunesse
mettant en application les recommandations du livre vert est prévue
pour l'automne. Ce que propose Martin Hirsch, c'est un développement
généralisé de la précarité, sous couvert de solidarité envers les
jeunes victimes de la crise. Face à cela, il faudra construire des
mobilisations à la hauteur des enjeux et apporter nos propres réponses.
Nous exigeons l'interdiction de tous les contrats précaires, y compris
le RSA, et nous voulons l'indemnisation de toutes les formes de
précarité, par un revenu égal au Smic (porté à 1500 euros). Nous
exigeons l'instauration d'une allocation d'autonomie égale au Smic pour
tous les jeunes de 16 à 25 ans permettant de vivre et de se former
librement. Non à la « professionnalisation » dévalorisant les diplômes!
Nous voulons des formations reconnues nationalement dans les
conventions collectives.